La souffrance en prison

La négation et l’oubli de la société

En France, on ne parle pas des prisonniers. On ne les montre pas, on ne les interviewe pas, on ne peut ni les voir ni les entendre. Il y a comme une chape de plomb sur leurs conditions de vie et sur leur ressenti. Leurs témoignages sont toujours recueillis auprès d’anciens détenus, jamais pendant leur détention.
J’ai moi-même rencontré beaucoup de difficultés à recueillir leurs paroles au sein de la maison d’arrêt. D’abord, à cause de leurs propres réticences à parler par crainte de représailles, ensuite parce que rien ne les autorise à le faire. Les entretiens et témoignages, je les ai recueillis oralement et retranscrits a posteriori.

La façon dont on parle de la prison, c’est seulement à travers les faits divers : évasions, mutineries, mouvements de surveillants, ou même des émissions américaines de reportage à sensation, où l’on glorifie l’institution et ses super héros, filmés en train de mater les détenus, lesquels sont présentés comme des rebelles, des êtres dangereux, des renégats, des insoumis, des violents.

Toujours est-il qu’une fois dehors, l’ancien détenu emporte sur lui une trace indélébile. La stigmatisation laisse sur lui une trace qui ne manque pas de me rappeler le marquage au fer rouge évoqué plus haut, y compris au sens propre quand il s’agit de tatouages réalisés par les détenus eux-mêmes pendant leur détention. Le « trou » béant laissé dans un CV par une période d’incarcération ne peut être masqué par aucun artifice. La résistance à l’embauche est d’autant plus totale que le monde du travail est en tension.

C’est exactement ce que m’explique Monsieur N.T. « J’avais pensé retrouver du travail, mais en réalité, il n’y a pas beaucoup d’ouverture. Mon passage en prison m’a revêtu d’un imper. Ce vêtement ne laisse pas passer la confiance avec mes anciens clients. Reprendre mon ancien métier ne dépend pas seulement de moi. Dès que les recruteurs apprennent que j’ai fait de la prison, ils me ferment tous leur porte. Même si aujourd’hui j’ai purgé ma peine et que je n’ai plus rien à me reprocher, les solutions sont nulles. » (…) « Je me suis présenté une première fois en expliquant ma situation, que j’étais un ancien détenu, que je venais de sortir de prison et que j’étais à la recherche d’un emploi. On m’a répondu qu’il fallait que je prenne rendez-vous avec un conseiller pour pouvoir être reçu. J’ai obtenu un rendez-vous cinq semaines après. Lorsque je me suis présenté, plein d’espoir après une attente qui m’avait parue interminable, on me dit que le conseiller avec lequel j’avais rendez-vous était absent et que la seule alternative était pour moi de reprendre un nouveau rendez-vous, encore cinq semaines plus tard, soit au total 10 semaines d’attente et mon rêve de travail qui vole en éclat ! »

Cet autre détenu m’explique sa descente aux enfers à cause de son alcoolisme au volant. « A mon arrivée en prison, j’ai décidé d’arrêter de fumer. Déjà, il m’est interdit de boire. Je suis récidiviste d’infractions routières à cause de mon alcoolisme. La première fois qu’on m’a arrêté, j’ai pris 9 mois avec sursis. J’en ai fait 4, puis j’ai commis une nouvelle infraction. Là, j’ai pris 1 an et ½. En prison, je pourrais acheter de l’alcool de contrebande mais je ne suis pas assez idiot pour dépenser mon argent de cette façon ! Ma femme est heureuse que j’aie arrêté de fumer. Mais elle est sûre qu’à mon retour, je n’aurai pas de boulot à cause de mon incarcération. » (…) « Je ne buvais pas chez moi, je buvais sur la route. J’étais routier. Avec 16 euros, je pouvais manger et boire à volonté. J’avais des problèmes familiaux, c’était tendu à la maison. » (…) « Mes habitudes étaient plus fortes que ma capacité de raisonnement. » (…) « Aujourd’hui, le temps s’est arrêté pour moi. Je me sens considéré comme un animal, je suis au plus bas de l’échelle. Je ne pensais pas que l’alcool pourrait me mener jusque là. Je ne savais pas que c’était aussi dangereux, aussi pernicieux. Je ne buvais jamais à la maison et boire sur la route m’a rendu un danger au volant. »

Quelle n’est pas ma surprise d’apprendre, à la fin de notre entretien, que ce Monsieur a une licence d’histoire. Quel gâchis !
Quant à ce quadragénaire, ancien chef d’entreprise, il ne cache pas son amertume face au manque d’engagement de son avocat : « Mon entreprise a totalement coulé. Lorsque je cherche à contacter mon avocat, il ne me répond même pas. Quand je me suis présenté pour la première fois devant le Juge, l’avocat n’avait pas fait son travail et bien sûr cela a eu une influence négative sur ma peine… J’ai carrément vendu ma voiture et d’autres biens pour pouvoir le rémunérer (19.000 euros !) et avoir une bonne défense, et pourtant… Je peux hurler et même tout casser ici, il ne répondra pas. Il ne me reste qu’une chose à faire : ici on me demande juste de me laisser oublier ».

Extrait du texte : « Yoga en Prison »
https://www.psycho-ressources.com/bibli/yoga-en-prison.html

Par Richard Sada, Psychothérapeute, Maître Yoga, France
https://www.psycho-ressources.com/richard-sada.html


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Vaincre sa culpabilité

Sommaire
Combien de fois n’avez-vous pas éprouvé ce sentiment de culpabilité qui, pour un oui, pour un non, tiraille la conscience et vous laisse penser que vous avez fait « quelque chose de mal « ? Vous cherchez la faute, l’erreur, et vous ne les trouvez pas ! Car la culpabilité se nourrit du regard que nous portons sur nous-mêmes… A travers une série de cas, l’auteur nous invite à repenser nos manières d’agir, pour nous apprendre à vivre avec un sentiment qui, si nous savons faire preuve d’une certaine sagesse, peut devenir un réel moteur d’évolution personnelle. Il serait irréaliste d’espérer vivre dans un état de bien-être psychique constant, sans pics de désespérance et de bonheur. Nous sommes voués aux conflits internes : cela fait partie de notre nature humaine et c’est très bien !

Biographie de l’auteur
Martine Teillac vit à Cagnes-sur-Mer où elle exerce son activité de psythologue-psychanalyste et thérapeute de couples (elle a suivi la formation du Dr Servan-Schreiber). Elle a animé pendant deux ans la rubrique « Savoir psy » du Journal de la Santé sur la 5 et collabore à différentes revues (Psychologie, Marie-Claire, Femme Actuelle, Elle, Marie-France…). Vaincre sa culpabilité est son troisième ouvrage.

Autres ouvrages de l’auteur
J’ai mal à mon couple
https://www.psycho-ressources.com/bibli/mon-couple.html
S’aimer soi-même pour aimer les autres
https://www.psycho-ressources.com/bibli/aimer-les-autres.html
Pour un couple durable
https://aws.psycho-ressources.com/blog/liberer-le-couple-des-crises-du-quotidien/

Martine Teillac, Psychanalyste, Psychothérapeute
Cagnes sur Mer, France
https://www.psycho-ressources.com/martine-teillac.html

Détails

Titre : Vaincre sa culpabilité
Auteur : Martine Teillac
Psychanalyste & Psychothérapeute
Broché: 240 pages
Editeur : Editions du Toucan
(16 septembre 2009)
Collection : Pratique
Langue : Français
ISBN-10: 2810003211
ISBN-13: 978-2810003211
Dimensions du produit:
20,2 x 14 x 1,8 cm


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L’interdit universel… l’Inceste.

L’interdit universel,
du mythe à la réalité, l’inceste dans tous ses états

Parce que l’inceste est une longue et lente descente aux enfers, où la victime vit une agonie, écrasée par le poids d’un secret lourd de conséquences et rongée par une culpabilisation dévastatrice, cet ouvrage tente de briser le mur du silence et jeter l’anathème sur un interdit vieux comme le monde.

« Angélique Veillard, dans ce livre, traite d’un sujet qui remonte à la nuit des temps et qui continue encore de faire couler beaucoup d’encre, mais aussi beaucoup de larmes. Anthropologues, psychologues, psychiatres, criminologues, politiciens, et d’autres encore, se sont penchés sur la question de l’inceste. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Dans une société de plus en plus libérale et permissive, qui prétend tout connaître sur la sexualité, l’inceste demeure encore un mystère. L’inceste est un mot qui fait frémir, que l’on ose à peine évoquer tant le phénomène est encore tabou. Est-ce un acte normal ou anormal ? Bien ou mal ? Au nom de quoi les abuseurs agissent-ils ? Pourquoi les victimes s’enfoncent-elles dans le déni ? C’est un éternel débat qui demande à être clarifié.

C’est ce que tente de démêler l’auteur Angélique Veillard, sexothérapeute et psychosomatoanalyste. À travers son essai, en véritable spécialiste de la question, elle nous invite à réfléchir au sens que notre société veut prêter à l’inceste, ce redoutable prédateur qui s’empare de l’innocence de ses proies. Si l’on ne peut enrayer ce mal, l’occasion est donnée tout au moins de rappeler qu’il s’agit d’un interdit fondamental et universel trop souvent soumis au poids du silence, de la honte et de la culpabilité. On peut en effet espérer que plus le sujet sera exposé au grand jour, plus on en fera une affaire politicosociale, et plus les victimes se hasarderont à sortir du déni pour espérer se reconstruire un jour. »   Isabel Del Arco Lebrasseur

L’AUTEUR

Angélique Veillard est Sexothérapeute, Thérapeute analyste & Psychosomatoanalyste. Elle est aussi formatrice en thérapie, sexologie et Coaching. Elle est connue et reconnue pour  ses recherches en sexologie clinique et en sexothérapie. Elle a édité plusieurs ouvrages en collaboration avec le docteur Erick Dietrich.

L’interdit universel, du mythe à la réalité, l’inceste dans tous ses états
Les Éditions Persée – L’écriture prend vie
(Essai) ISBN: 9782823105438
Pages: 112
Format: 148×210
FNAC – http://www.fr.fnac.be/a6669907/Angelique-Veillard-L-interdit-universel

Par Angélique Veillard, Sexologue, Coach et Auteure
Membres de Psycho-Ressources
https://www.psycho-ressources.com/sexologue/paris/angelique-veillard.html


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En ce moment de passage…

En ce moment de passage,
D’une année à l’autre,
Moment éphémère et symbolique,

Je pense à Pessoa * :

« Je vis toujours au présent. L’avenir, je ne le connais pas. Le passé, je ne l’ai plus. L’un me pèse comme la possibilité de tout, l’autre comme la réalité du rien ? Que puis-je prévoir de ma vie future, sinon qu’elle sera ce que je ne prévois pas, et qu’elle m’arrivera du dehors, parfois par l’intermédiaire de ma propre volonté. (…) Ombre fugitive et obscure d’un arbre citadin, son léger de l’eau tombant dans un bassin plaintif, vert gazon régulier, vous êtes en ce moment l’univers entier pour moi, car vous êtes le contenu plein et entier de ma sensation consciente. »

L’essentiel d’un moment de passage est ce réalisable
Que nous nous pouvons oser nous offrir.
Une sérénité, un espoir, des rêves,
Vivre un monde où nous soyons capable
D’entrer en relation avec nous-mêmes,
avec les autres et surtout avec ce qui nous dépasse.

Bonne Année 2014!

Erick Dietrich et Angélique Dietrich
Membres de Psycho-Ressources
https://www.psycho-ressources.com/erick-dietrich.html
https://www.psycho-ressources.com/sexologue/paris/angelique-dietrich.html

* Fernando António Nogueira Pessoa est un écrivain, critique, polémiste et poète portugais trilingue. Naissance : 13 juin 1888, District de Lisbonne, Portugal. Décès : 30 novembre 1935, Lisbonne, Portugal. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fernando_Pessoa

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Stages et Formations – Art-thérapie et Médiations Artistiques

LES MÉDIATIONS ARTISTIQUES

Repérer, connaître, les langages qu’ils soient parlés ou gestuels pour aider à mieux se démettre de difficultés passagères ou pérennes. La peinture, le modelage, l’écriture, des ateliers de maquettes spontanées aident les personnes en difficulté à dénouer ou à prévenir ce qui peut faire obstacle à une sensation d’autonomie réelle.


Contenu des formations
Les formations en art-thérapie, en médiations artistiques et la formation permanente (réservée aux professionnels) forment aux métiers d’art-thérapeute et de praticien en médiations artistiques ou sont le moyen d’accroître ses compétences et de gagner en responsabilités à venir.

L’art-thérapie, les médiations artistiques engagent dans leur pratique une connaissance plurielle. Les acquis indispensables en théorie psychanalytique et en clinique ne peuvent suffire pour prendre en charge des patients. Si nous utilisons comme média la peinture, la  terre, l’écriture, le théâtre, il s’agit bien aussi d’en connaître le plus profondément possible leur champ pratique, philosophique, historique et social.

Les formations enseignent toutes les disciplines que l’art-thérapie et les médiations artistiques ainsi comprises exigent. Elles se démarquent par leurs études des thérapies comportementales et de toute approche spiritualiste.

Schème – Formation en art-thérapie et médiations artistiques

Stages d’art-thérapie

2 jours – vendredi et samedi
– 1er, 2 février : peinture, modelage
(samedi, dimanche)
– 28, 29 mars : peinture, modelage
– 18, 19 avril : collage, peinture
– 16, 17 mai : peinture, modelage
– 6, 7 juin : collage, peinture

Horaires: 9h30 -12h30 / 14 h – 17h30
Tarifs : pris en charge : 400 € –  personnel : 200 € – étudiants : 150 €

Formation Permanente et Recherche
Séminaires participatifs – Échanges professionnels – Recherche

Dates et thèmes d’études :
Vendredi 31 janvier : L’entre art et thérapie
vendredi 28 février : l’intime en art-thérapie
vendredi 4 avril : L’écrit
vendredi 2 mai : la forme en art-thérapie
Horaires : 9h30-12h30, 14 h-17h30 h
Tarifs : par chèque libellé au nom de schème
Financement personnel : 70 €
Financement pris en charge: 200

Schème
Direction : Olivier Saint-Pierre, Lyon, France
Site: www.art-therapie-lyon7.fr
Courriel: scheme.osp@gmail.com
Tel. 04 78 33 05 14 – 06 10 07 25 69

Olivier Saint-Pierre est membre de Psycho-Ressources.
https://www.psycho-ressources.com/art-therapeute/lyon-ecully/olivier-saint-pierre.html


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Les résolutions 2014 de l’internaute.

Les résolutions 2014 de l’internaute.

Le début d’une année est l’occasion pour plusieurs de prendre des résolutions: certains désirent arrêter de fumer, d’autres souhaitent faire plus d’activité physique, d’autres encore se fixent des objectifs dans leurs comportements et leurs relations avec autrui.

Aujourd’hui, en ce premier jour de l’année 2014, nous aimerions vous proposer, avec un peu d’humour, ce qui pourraient être de magnifiques résolutions pour les internautes de la planète.

Voici donc Les 10 commandements du savoir-vivre informatique élaborés par  Computer Ethics Institute et que l’on retrouve sur le site des Services de réseaux d’information de l’Université Catholique de Louvain :

1. Tu n’emploieras pas l’ordinateur pour nuire à autrui.
2. Tu ne brouilleras pas le travail informatique d’autrui.
3. Tu ne fouineras pas dans les fichiers des autres.
4. Tu n’emploieras pas l’ordinateur pour voler.
5. Tu n’emploieras pas l’ordinateur pour faire de faux témoignages.
6. Tu n’emploieras, ni ne copieras de logiciel que tu n’as pas payé.
7. Tu n’emploieras pas les ressources informatiques d’autrui sans autorisation.
8. Tu ne t’approprieras pas le travail intellectuel d’autrui.
9. Tu songeras aux conséquences sociales du programme que tu écris.
10. Tu emploieras l’ordinateur de manière à faire preuve de considération et respect.

Ces 10 commandements du savoir-vivre informatique, peuvent s’ajouter à l’ensemble des règles de la Netiquette que chaque internaute devrait connaître et respecter. En fait, la Netiquette constitue le guide des bonnes manières du Web et certaines organisations mettent à votre disposition des règles et des procédures à respecter pour tous les types d’échanges d’informations sur Internet.

Pour en savoir plus sur la nétiquette et les règles de conduites sur le web, nous vous proposons l’excellente section des Services des réseaux d’informations de l’UCL.
http://www.sri.ucl.ac.be/SRI/netetiq.html

En espérant que ces commandements vos inspirent dans votre navigation sur le Web. Psycho-Ressources vous souhaite une année 2014 à la mesure de vos rêves.
Merci de votre confiance et de votre intérêt pour notre travail!

En 2014, nous vous souhaitons de surfer sur Web dans la paix, l’amour et la fraternité! :-))

Alain Rioux, Ph.D., Gestionnaire de Psycho-Ressources, Québec, Qc.


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Une Thérapie : Pourquoi ?

Une Thérapie : Pourquoi ?
Par Angélique Dietrich
(Un texte d’un livre à paraître écrit en collaboration avec Erick Dietrich.)

On ne saurait commencer sans nous interroger sur les raisons qui nous ont poussé à écrire un énième livre qui va traiter de thérapie, de psy, de sexologie, de troubles de l’identité, d’hystérie, de névrose, d’OEdipe, et d’autres sujets du même acabit.

La diversité des approches thérapeutiques et la fréquence des perturbations des relations affectives, sociales et sexuelles confèrent à cette thématique une place importante. La psychiatrie s’est lentement détachée de la démonologie depuis le siècle des Lumières. Ainsi, les damnés ont cédé la place aux gens sains et aux fous. L’implantation des asiles, isolés du centre des villes, montre combien ceux qui vivent “l’inquiétante étrangeté” sont perçus comme dangereux. La société autorise une faible marge de différence. Ceux qui s’adaptent mal au groupe rencontrent en effet l’incompréhension générale qui repose sur l’idée que le fou est à l’homme banal ce que le révolutionnaire est au régime, à savoir une faille dans nos systèmes de certitudes. La crainte survient tout autant devant des surgissements tels que l’amour, la grâce, la création, vécus comme “délirants” par l’homme banal, le “normovrosé” ou le névrosé. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus le système politique et socioculturel transformer l’homme en une forme d’individu médiocre facilement influençable et manipulable.

Quel sens donnez-vous au mot “fou” ? Pour la plupart d’entre vous, ce terme a une valeur péjorative. Or, il va vous falloir accepter l’inacceptable, car dans une vision plus globalisante, tout le monde est fou. Le terme désigne une personne en souffrance psychologique et somatique qui n’a pas encore accepté et compris sa souffrance, son mal de vivre. Il y a ceux qui ne veulent pas le voir ou le savoir, et ceux qui l’acceptent et apprennent ainsi à gérer, voire à dépasser les blessures de leur âme. Ce livre a pour vocation de vous aider à comprendre votre folie, le sens et le pourquoi des divers courants thérapeutiques et surtout de comprendre que c’est la société qui est malade.

Les approches thérapeutiques et toutes les approches dites « médecine naturelle, PNL, hypnose, chamanisme, etc. » sont encore considérées comme un lieu d’obscurantisme, que certains courants auxquels cela dérange anathématisent et diabolisent férocement. Les incertitudes de la science ayant tenté de remplacer les certitudes et les dogmes du judéo-christianisme, la tentation est encore forte pour beaucoup de se réfugier derrière la morale et le puritanisme. En une décennie, le chemin parcouru est immense mais long est le chemin qu’il reste à parcourir. On assiste rapidement, quand les thérapies dérangent à la fois un petit monde « Psy » inféodé au système et le système socioculturel lui-même, à un déferlement de pudibonderie, de puritanisme et de sectarisme… Il y a là une grande hypocrisie qui débouche sur une forme de nouvel ordre moral et de pensée unique.

La question que nous avons soulevée reste provisoirement en suspens, mais notre connaissance en la matière nous permettra d’apporter quelques éléments de réponse au fil des pages. À travers nos différents voyages professionnels, ou autres, à travers notre regard de thérapeutes et aussi d’humains – car un thérapeute reste un humain comme vous monsieur, comme vous madame qui découvrez ce livre, qui le tenez entre vos mains, et qui vous posez sûrement des questions sur ce que nous allons aborder ici.

En tant que thérapeutes, nous sommes amenés à nous remettre en question, à regarder par le trou de la serrure pour aller sonder au plus profond de notre clientèle ce qui se passe pour la personne assise là, face à nous, ou allongée selon les techniques de travail, selon l’instant aussi et la personne.
En tant qu’humanistes et thérapeutes, nous portons ou nous essayons de porter un regard nouveau sur ce monde dans lequel nous vivons, dans lequel vos enfants, petits-enfants grandissent, ce monde en souffrance, notre regard sur le regard du monde.

Suite à des voyages en Asie (Thaïlande, Inde, Dubaï, Madagascar, Ile de la Réunion, Désert), nous avons découvert des cultures différentes, et c’est cette vision de la vie autre que celle trop européanisée que nous nous proposons de vous faire partager.

De retour d’une île au bout du monde, de nos voyages dans d’autres contrées, ayant pris conscience que nous avions changé de monde, nous avons pu comprendre que les croyances influencent fondamentalement notre vision du monde et de la vie, modifiant notre façon d’habiter l’espace et le temps.

Pour Freud, les interdits et l’interdit de l’inceste soumettent l’enfant à la loi, il passe de la nature à la culture ; c’est l’intériorisation et l’apprentissage des interdits parentaux et sociaux. Selon LEVI-STRAUSS, la prohibition de l’inceste serait à la fois naturelle et culturelle : « Elle est la culture qui émerge de la nature. Elle joint l’universalité (nature) et la règle (culture) (1) ». Elle représente l’avènement d’un ordre nouveau, permettant ainsi l’émergence de la culture.
Dans cette île, dans le partage avec les locaux – comme dit le Japonais shintoïste –, nous avons ressenti une profonde unité entre tous les hommes, la nature et toutes les entités invisibles. Cette unité s’éprouve comme harmonie, principe fondateur de tous les principes. Nous avons découvert le monde de la psychose (la nature) après avoir quitté le monde de la névrose (la culture). Comme Nietzsche disait : « Les hommes ne sont pas encore des animaux établis », pour nous, ils ont échoué dans le passage de la nature à la culture, ramenant la culture à une forme d’humanité. L’homme a « cultivé et humanisé la nature » (Marx), l’assujettissant à sa toute-puissance et à son désir de pouvoir. L’homme prend possession de la nature comme d’un espace à exploiter et à maîtriser. Pour Aristote, la nature est à l’origine de son propre mouvement, ce qui fut remis en cause par le monothéisme chrétien qui veut que la nature soit d’essence divine. Nous pensons donc la nature à partir de notre culture, une sorte de mécanique dont Dieu est l’horloger comme dit Voltaire. La culture serait l’acte par lequel l’homme se pose comme distinct de la nature.

Ainsi, pour nous, regarder la nature, c’est voir ce que Hegel nomme l’esprit objectif, donc voir les choses telles qu’elles ont été envahies par l’esprit humain. Par le langage et l’apprentissage, la culture risque de nous faire quitter, voire même oublier la nature pour nous enfermer dans la civilisation. Pour l’homme, l’état de nature « est un état qui n’existe plus, qui n’a peut-être point existé, qui probablement n’existera jamais. » (Jean-Jacques Rousseau)
La nature que nous avons ainsi discernée dans sa simplicité, ses imperfections, sa vulnérabilité, sa fugacité, sa familiarité, sa quiétude, cet espace et ce temps à vivre pleinement, nous a ouvert à l’impermanence et au caractère éphémère du monde.

Nous avons plongé en nous en acceptant d’observer, de sentir et d’entendre, en découvrant l’ordre de la nature, comme un psychotique qui s’émeut de ce qu’il découvre… juste les reflets du soleil couchant sur l’océan, le vent dans les palmiers, les bruits de la nature… Nous ne voulons plus de cette dichotomie de base qui oppose la culture à la nature.

Nous avons ressenti dans notre cheminement une nouvelle sensibilité, la justesse du monde qui nous entoure, la liaison entre le mouvement et le vide. Ce sens typiquement japonais de la justesse des choses, des espaces et des limites intègre les notions fondamentales du néant. Nous nous sommes interrogés sur le comment se libérer de la dualité entre nature et culture pour accéder à l’harmonie et à une forme de quintessence du sacré, loin du vulgaire et de la médiocrité que la culture a engendré.

Nous avons senti le temps s’écouler, notre appartenance à l’univers, à la terre, nous avons ressenti l’importance de vivre là, ce qui se passe. Nous avons senti notre regard sur la nature changer, une nature que nous accueillons telle qu’elle s’offre à nous, source de vie et guide spirituel, et refusons que la nature devienne pour l’homme moderne ce à quoi il aspire « se rendre comme maître et possesseur » (Descartes, Discours de la méthode).

À travers cet écrit, nous allons bien évidemment reprendre des bases de la psychologie, de la philosophie, de la vie, et y porter un regard nouveau, un regard parfois dérangeant pour nos confrères et pour vous lecteurs, ainsi que pour vous qui avez le courage de venir vous installer dans le cabinet d’un thérapeute, quel que soit le type de thérapie que vous choisissez. Y a-t-il une vraie réponse à vos questions, la question n’est-elle pas simplement enfouie en vous ? Nous ne sommes que des accompagnateurs, des guides pour vous permettre d’aller là où vous ne pouvez aller seul, sans cette main tendue, qui vous permette d’oser aller, dans l’interdit, dans l’impensable vérité qui parsème votre histoire.

Un thérapeute n’est ni un ami, ni un confident, ni un frère ou une soeur, ni un père ni une mère, il est un peu tout cela à la fois. Nous allons plus loin évoquer le transfert mais aussi le contre-transfert, ce qu’il est important pour le thérapeute aussi d’oser dire, ce qu’il sent en lui lorsqu’il y a face à lui une histoire, un être dans une grande souffrance, l’importance de ne pas fuir, de savoir accueillir, entendre et comprendre cette histoire.

Un thérapeute est avant tout un humain (homme ou femme), il a une vie, comme vous. Il a des soucis comme vous. Il n’est pas tout-puissant.

Nous nous sommes interrogés tous les deux, après des années de travail thérapeutique en individuel et en groupe, et surtout après avoir travaillé à l’étranger et aussi après avoir vu lors de réactions de nos confrères et collègues, pourquoi certains thérapeutes restaient encore inféodés à un système qui maintient les individus dans l’infantilisme et l’abrutissement. Depuis des années, une répression morale et psychique s’est sournoisement installée, cautionnée par des thérapeutes calfeutrés dans leurs habitudes et leurs peurs, dans leur toute-puissance et leur savoir. Au nom des bonnes moeurs, de la morale, du protectionnisme d’État ou du politiquement correct, nos libertés de pensée, de parole et d’opinion sont de plus en plus asservies. L’État-providence met en place un système de pensée unique tout en utilisant la société de consommation pour garder le peuple (et les acteurs de la santé) dans la dépendance et l’immaturité. Le système socioculturel utilise la peur, de manière savamment orchestrée, à faibles doses, avec des boucs émissaires, car à trop grandes doses cela deviendrait dangeureux et risquerait d’éveiller les consciences. Dans l’absolu, les thérapeutes qui défendent la liberté doivent tout mettre en oeuvre pour que chaque individu accède à sa vérité et à sa capacité de juger et raisonner, dans la seule limite du respect de l’autre.

Des peurs sous toutes leurs formes sont utilisées contre le peuple grâce à la manipulation médiatique ; or, la peur appelle la peur et le cercle vicieux que cela engendre permet de maintenir l’individu dans un système carcéral de pensée et ainsi, de maintenir la pensée unique. Nous voyons de plus en plus des personnes arrivant avec un symptôme quel qu’il soit et sous quelque forme que ce soit, lié à une influence du passé, mais aussi de la violence du milieu socioculturel.

Les gens viennent avec une seule idée en tête : vouloir obtenir une réponse à leur problématique dans l’immédiateté. Ils ne savent pas être dans l’attente.
« Je veux maintenant et pas demain, donnez-moi la recette magique pour sauver mon couple, pour sauver ma boîte », « Mais vous, voulez-vous être sauvé ? » L’avoir absolu, sans passer dans l’être.

Pourquoi ? Pour qui ? À quoi cela sert-il ?
« Je ne comprends pas, pendant trente ans on était heureux et maintenant, maintenant, elle ne me désire plus… donnez-moi la réponse à cette question… » La réponse va être simple : et si pendant trente ans vous aviez vécu dans un leurre, et qu’aujourd’hui vous voyez le leurre face à vous car, grâce à internet, aux informations diverses, aux différentes technologies, on assiste à une frénésie pessimiste, qui n’est qu’un ramassis de sornettes pour abrutir l’humain et le laisser dans la pensée que rien ne va plus… Faites vos jeux !

Ils veulent avoir et ne sont pas dans l’être. Ils veulent que le thérapeute sorte une baguette magique et règle le problème d’un simple « abracadabra ». Ils sont dans la pensée magique qu’en une séance il est possible de résoudre le problème qu’il promène très souvent avec eux, et qui n’est pas né de la veille ou le matin en se réveillant, mais un problème profond que nous en tant que thérapeutes ne pouvons « balayer » en une fraction de seconde. L’impatience est le défaut de nos patients, ils ne savent pas comprendre que leur travail de thérapie est long, ce chemin thérapeutique se fait durant plusieurs années, très souvent le travail ne commence à porter ses fruits qu’à la deuxième, voire au début de la troisième année de travail. Il peut se faire sur cinq ans et même bien plus, mais aujourd’hui dans la société où il est facile d’avoir, il faut que le thérapeute soit dans cette même optique (un crédit à la consommation s’obtient souvent en 5-10 minutes, ou en quelques clics). Or, un travail thérapeutique doit se réaliser sur du long terme.

Nous sommes en mesure d’accompagner des personnes prêtes à s’acheminer vers un changement. Mais ce changement fait peur, comme la mort fait peur, elle terrifie et de ce fait l’homme ne veut plus mourir, il veut être éternel – merci à certains Dracula ou autres vampires de vouloir inculquer des pensées de vies éternelles. La mort est naturelle, elle fait partie de la vie. Nous naissons pour mourir, nous naissons pour vivre, nous naissons pour quelque chose, mais sûrement pas pour le plaisir de faire plaisir à nos parents. Il ne s’agit pas de nourrir le fantasme des parents. À quoi cela peut-il bien servir de faire des enfants, si ce n’est d’y trouver une forme de nourriture pour soi, une forme de sécurité pour soi, de s’affranchir de la peur de mourir, de pouvoir laisser quelque chose. Or, on ne fait pas un enfant comme on achète un jeune chiot, la vie d’un enfant ne dure pas en moyenne seize ans, mais bien plus. Un enfant demande de l’attention, l’enfant doit apprendre aussi à devenir un adulte, avoir confiance en lui, savoir accepter la frustration, savoir aimer, vivre.

Aujourd’hui, dans notre société de consommation, nous consommons nos enfants, nous les achetons, et nous osons parfois nous indigner « Oh c’est honteux, dans tel ou tel pays les parents vendent leur enfant ». Mais que fait notre société, elle les achète. Exactement comme l’on montre une carotte à un âne pour qu’il avance, il suffit de montrer ce qui brille à un enfant pour qu’il le veuille. Alors vouloir, avoir, obtenir, voilà le devenir des enfants. Mais dans ce cas, on peut se poser la question de savoir où se trouvent leur indépendance, leur possibilité de choix, leur libre arbitre.

Il y a des bases à inculquer à ses enfants, si ces bases sont cohérentes, elles seront respectées et comprises par l’enfant, surtout en grandissant, mais quand l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte sentent que les parents sont défaillants, ils vont jouer avec, ils vont tester comme testent les petits enfants entre trois et six ans, et nous pouvons voir que finalement ce sont les enfants qui remportent sur l’adulte. Une mère qui laisse tout faire, et finalement va discréditer le père, à quoi cela lui sert-il ? À se servir de ses enfants, pour régler ses propres conflits avec ses parents, ces conflits qu’elle n’a pu régler et qui se gèrent au sein du couple, car nous ne rejouons que nos rapports parentaux dans nos couples, au sein de nos entreprises, dans nos cercles d’amis, nous ne sommes que transferts et projections. Parfois, vous pouvez tester quelqu’un que vous ne connaissez pas, que vous croisez juste parce que cette personne vous renvoie à votre mère, à votre grand-mère ou un père ou une tante… Que vous a fait cette personne, rien, mais que vous a fait la cellule familiale, tout. Elle détruit, elle vous réduit, comme le fait si subtilement la société qui vous ramène à l’enfant. Notre pays (la France) infantilise son peuple. Nous voulons évoluer, mais nous n’évoluons pas, nous sommes restés très primaires.

Nous sommes une société anxiogène où l’on cultive la peur, où tout est danger. Nous voyons les gens conditionnés par la peur, par des appréhensions et des croyances entretenues par le système socioculturel et politique qui vous laissent dans une forme de médiocrité et d’immaturité grâce à une forme d’état qui se montre providence, qui utilise la consommation, la peur et les interdits pour manipuler.

Nous ne sommes pas directement confrontés à une situation de guerre au sein de notre pays. Nous avons la sensation de maîtriser nos pensées, nos jugements et nos actions puisque nous vivons en démocratie, et pourtant ce n’est pas le cas ! N’y a-t-il pas urgence à réformer un système où ce qui est bon pour l’homme mais mauvais pour les gros groupes industriels et les groupes de pression est passé sous silence, à oser dire que la thérapie n’est pas un outil magique, que c’est un outil qui dérange car risquant d’aider les individus à réfléchir par eux-mêmes, à oser dire aux thérapeutes qu’ils sortent de leurs peurs, à oser dire que les thérapies magiques ne rapportent qu’aux marchands de rêves ? Nous voulons oser un livre qui dérange et fasse réfléchir.

Est-il acceptable de parler de thérapies de manière strictement scientifique et désintéressée sans prendre part au débat qui concerne ses buts et ses objets ? On remarquera que la notion de normalité revient souvent, faisant alors référence à des normes socioculturelles et à des critères contestables de normalité “statistique”. L’éducation, la morale… semblent vouloir assujettir l’individu à une norme “bénéfique” prétendue majoritaire et le soumettre à des règles de “bon fonctionnement”. Toute tentative de personnalisation peut prendre figure d’anti-norme. Sans répression excessive, l’intelligence individuelle devient possible.

Sachant que le choix d’une profession ne se fait pas au hasard, nous pouvons imaginer ce qui se passe dans la tête et dans le corps d’un thérapeute insuffisamment formé et n’ayant pas fait de travail analytique sur lui-même, surtout s’il peut se réfugier derrière des diplômes universitaires lui permettant de se mettre en position de toute-puissance. Rassuré par une formation universitaire, souvent insuffisante dans le domaine de la thérapie, tributaire de sa problématique, inféodé au système et ayant peur de ses fantasmes, le thérapeute mettra en place des options thérapeutiques organisées autour de ce qu’il pense plutôt que de ce qui est bon pour son patient.

Si l’on veut “guérir” – ce qui est un leurre, aucun thérapeute n’a le pouvoir de guérir –, seul le patient, dans l’intimité du dialogue avec un thérapeute, peut aider et guider, décider les changements qui seront bons pour lui. Ainsi, il faut s’attaquer aux causes, aux vraies causes, celles qui ont entraîné les symptômes, celles qui sont dans le monde extérieur. Il revient donc au thérapeute d’aider le patient à faire la part entre les symptômes et le psychologique, d’évaluer le rapport entre les deux et la partie prépondérante, de reconsidérer la démarche dans son sens (sens infantile : permission, toute-puissance, pensée magique… ; sens adulte : désir de confrontation, un miroir…). Le symptôme est souvent une protection qui fait moins souffrir que ne le ferait l’angoisse sans le symptôme ; il est donc le moins mauvais compromis possible dans les conditions où se trouve le patient.

Face au socialement et au politiquement correct, les thérapies sont subversives.
L’individu et surtout les enfants, dans un monde où les possibilités de changement des mentalités traînent, dans un monde où l’homme devient objet des peurs, des croyances, de la consommation, du paraître contre l’Être, dans un monde qui l’enferme dans la pensée unique, dans un monde manipulé par les médias, les pouvoirs politiques et les trusts industriels (agroalimentaires, pharmaceutiques, etc.), dans un monde qui enferme l’individu dans le matériel réprimant de plus en plus le plaisir et la spiritualité, il est nécessaire à l’homme de retrouver son individualité et de redonner un sens à sa vie, de modifier ses comportements pour accéder à l’épanouissement et de pouvoir accéder à la compréhension de son existence pour sortir de l’abrutissement et de la médiocrité dans lequel le système socioculturel le contient. Tels devraient être les projets du processus thérapeutique qui, de par ses projets mêmes amènerait certains esprits chagrins et bourgeois à confondre thérapies et sectes. Ce dernier terme très à la mode permet de créer, comme à une époque où l’on torturait et brûlait les hérétiques et les sorcières, d’entretenir la peur en trouvant des boucs émissaires.

Le thérapeute, qu’il parle ou non, risque de faire surgir une chose monstrueuse qui remettrait en cause les bases essentielles d’un système socioculturel et éducatif dans lequel nous vivons et qui a mis des années à modeler l’individu. Ainsi donc, un thérapeute “subversif”, viendrait tout à coup aider un patient à remettre en cause le système, la famille, la société dans laquelle il vit, à laquelle il doit tout. Le thérapeute amènerait donc son patient à la révolution dans le seul objectif : lui permettre de quitter une forme d’infantilisme.

Le thérapeute est-il un observateur ou un acteur social ? A-t-il un rôle politique ? Le thérapeute doit-il avoir une conscience sociopolitique ? Comment peut-il autoriser ses patients à accéder au plaisir et à dépasser la culpabilité pour conquérir une véritable liberté ; comment les débarrasser du poids des interdits et des tabous ; comment les sortir d’un masochisme éducatif et culturel socialement entretenu ?

Nous voyons se mettre en place une nouvelle forme de société de consommation qui masque les besoins profonds liés aux carences infantiles et ainsi éloigne de la corporalité (corpus feeling to be). Les thérapies pourraient aider les individus à enfin faire surgir l’Être qui est en eux et qui trouverait un sens à ce qu’il est. Mais cet Être serait-il politiquement acceptable ?

Le champ épistémologique que parcourent les sciences humaines nous montre que nulle philosophie, nulle option politique ou morale, nulle science quelle qu’elle soit, nulle observation du corps et de la psyché humaine, nul décryptage de la sensation, de l’imagination ou des passions n’a jamais pû analyser l’homme, car ce dernier ne peut pas exister en tant qu’objet d’expérimentation. Les sciences ne sont apparues que lorsque les rationalistes, pressés par des intérêts scientifiques et politiques, ont décidé de faire passer l’homme au rang des objets scientifiques. En partant de cette idée de M. Foucault dans Les Mots et les Choses, il nous apparaît clairement que la thérapie doit s’adresser à l’homme, non pas dans sa dimension d’objet d’expérimentation, mais dans sa dimension d’Être qui vit, qui a des besoins et des fonctions dans un monde qu’il ne fait qu’habiter. In fine, nous parlons là d’un homme parlant et capable de se construire divers espaces d’expression symbolique et imaginaire, d’un homme qui accepte de grandir. Ainsi la thérapie ne peut pas avoir comme projet la guérison et encore moins comme objet l’homme social. Nous pouvons donc concevoir que la thérapie ne s’élabore pas uniquement à partir de stratégies thérapeutiques, d’outils thérapeutiques et de concepts scientifiques. Elle est en perpétuelle confrontation avec d’un côté l’image et le projet de l’Être et de l’autre avec la réalité illusoire et éphémère d’un thérapeute et de sa pratique. La thérapie devient un lieu d’échange avec un thérapeute qui n’est qu’un être humain et non plus le cadre de pouvoir d’un thérapeute qui se voudrait tout-puissant. « Il faudra lutter contre l’historialité de l’expérience, contre l’historicité même du rationnel » (L’activité rationaliste de la physique contemporaine, G. Bachelard).
Les thérapies qui ont été créées par l’homme, en constituant un système sociopolitique et constitué lui-même par un modèle socioculturel et socioéducatif, ne doivent pas devenir l’arme même du modèle à protéger. D’ailleurs, au cours de toutes les époques, les sociétés et leurs représentants ont voulu faire taire les thérapeutes car ils ont quelque part la parole qui quelque part dérange quelque chose dans le système social admis par les uns ou par les autres. Que cherchons-nous ? une forme de vérité ou bien la complicité avec un système social destructeur pour l’enfant et l’individu.

Les thérapeutes doivent avoir une fonction d’éducation, de prévention, de protection de l’enfance et de la personne humaine dans tout ce qu’elle a de plus important : sa dignité, sa liberté et la primauté du respect de la personne humaine. Or il apparaît, sur le plan politique, l’obligation pour les pouvoirs publics de maintenir la répression surtout sexuelle et intellectuelle, car celle-ci semble nécessaire pour le maintien de l’ordre social et économique.

Freud a été critiqué car il expliquait que de nombreuses maladies psychologiques et somatiques étaient le résultat de l’oppression sociale. Notons aussi que Reich a été condamné pour ses idées d’avant-garde et de nombreux médecins, psychiatres, thérapeutes, etc., ont été condamnés pour avoir osé remettre en cause le système et les règles du système.

Dans cette nouvelle peste émotionnelle, les « défenseurs d’un nouvel ordre moral et d’une pensée unique » ont décidé d’aider les institutions et les gouvernements à lobotomiser le peuple pour le rendre manipulable. Ceux qui exigent une « race pure de femmes et d’hommes », ont trouvé de nouvelles victimes. Triste vision des choses. Les thérapeutes devront réfléchir à une approche thérapeutique différente tout en préservant leur adaptabilité au contexte social.

Revenons à des considérations plus scientifiques mais néanmoins certainement révolutionnaires. Aucun thérapeute ne peut prétendre détenir la Vérité Thérapeutique : tout savoir de son patient et si ce qu’il exprime sur un mode verbal, corporel ou émotionnel est juste. Une thérapie n’est qu’un lieu au sein duquel le patient, avec des mots et des métaphores, va se construire une autre réalité, dans laquelle ce qu’il vit va prendre sens.

Une thérapie ne doit pas être la seule vérité et chance de guérison, pas plus qu’une théorie scientifique doit être « vraie ». Une thérapie doit être utile. Ce qui caractérise et rassemble toutes les thérapies, c’est leur caractère métaphorique et leur pouvoir structurant de notre réalité individuelle.
Voilà en deux mots notre conception d’une thérapie : aider les patients à devenir plus grands et à créer des expériences sublimes, là où ils ne voyaient que des expériences déplaisantes ou traumatisantes, les aider à accepter leur folie et les aider à la transcender grâce à un lieu où le thérapeute offrira un espace d’accueil, d’éthique et d’écoute qui favorisera une mise en présence de deux individus et qui ouvrira un espace de rencontre et de dialogue, un espace où le client pourra mettre du sens..

« Ne plus considérer une pensée ou une idée comme une vérité apodictique mais la déconstruire, l’éprouver et l’intérioriser à l’aune du moi opérant pour dévoiler dans cette recherche transcendantale ce qui me restait caché dans mon humanité. » (Ado Huygens).

Ainsi toute thérapie dans laquelle le thérapeute s’implique est dangereuse pour la société puisqu’elle donne au patient la possibilité de devenir adulte, de juger et de ne plus accepter, de faire des choix qui lui conviennent, des choix qui ne sont pas toujours socialement ou politiquement admis.
Par conséquent, un thérapeute ne doit pas imposer ses références, ses modèles et ses croyances. Le seul garant, permettant de penser qu’il est ou sera un bon guide est sa propre thérapie, la qualité de sa formation et un cadre permanent de supervision et d’implication personnelle dans lequel il puisse en permanence être dans sa folie et la transcender.

(1) Structure élémentaire de la parenté, P.U.F., 1949.

Angélique Dietrich
Psychosomatoanalyste, Sexologue, écrivain, Coach, Auteur. Membre de la Fédération Française des Psychosomatothérapeutes et de l’Ordre National des Sexologues, Directrice du Centre Mosaïque Paris.
https://www.psycho-ressources.com/sexologue/paris/angelique-dietrich.html


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Psychologie Sociale de la Connaissance

Psychologie sociale de la connaissance
Fondements théoriques

De Alain Quiamzade, Gabriel Mugny
et Fabrizio Butéra

Résumé
Ce livre propose une approche théorique originale de la connaissance et des processus d’apprentissage, et étudie comment ceux-ci peuvent être modulés par les dynamiques de comparaison interpersonnelle, le sentiment de compétence, la valorisation de soi et d’autres motivations. Il puise sa spécificité dans l’articulation de divers domaines jusqu’ici séparés : performance et connaissance, relations interpersonnelles, comparaison sociale et explications de sens commun. Il présente une théorie des relations d’influence qui s’instaurent entre individus dans des situations mettant en jeu leurs connaissances et leur sentiment subjectif de compétence.
Les questions de l’apprentissage, de la compétition entre pairs, des menaces liées à l’échec ou de la valorisation issue de la réussite sont au cœur de l’ouvrage. Celui-ci apporte un éclairage particulièrement pertinent dans le cadre de l’enseignement scolaire et universitaire, de la formation et de la performance dans les organisations.

Public
Universitaire : enseignants et étudiants, tous niveaux, en psychologie.
Professionnel : sociologues, professionnels de l’éducation de la formation et des organisations.

Caractéristiques
Éditeur : Presses universitaires de Grenoble
Collection : Vies sociales
Format : 160 x 240 – 206 pages
Parution : septembre 2013
ISBN : 978-2-7061-1816-6
Prix : 20 €
Thème : Psychologie

Consulter ce livre sur notre site :
http://www.pug.fr/produit/1119/9782706118166/Psychologie%20sociale%20de%20la%20connaissance

Presses universitaires de Grenoble.
https://www.psycho-ressources.com/toile/presses-universitaires-grenoble.html


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Joyeuses fêtes de Psycho-Ressources !

Voir le monde différemment!

Chaque année, j’aime vous offrir mes souhaits en fonction des pensées et des émotions qui animent ma vie en cette période de festivités.

Voici mes réflexions pour les fêtes 2013-2014.

Le monde est en changement perpétuel et nous le sommes aussi… Les changements intérieurs qui nous habitent font surgir en nous diverses émotions: des peurs, des joies, des peines, des colères…

L’immobilité est impossible… Notre évolution personnelle, notre parcours d’être humain et les évènements qui peuplent notre vie sont à l’origine de toute une variété d’émotions d’intensité variable. Et… Que faisons-nous? Allons-nous vers l’avant animé par la joie? Nous replions-nous sur nous-même éteint par la tristesse? Sommes-nous figés par la peur ou guidés par la colère?

Dans tous les cas… Je crois qu’il faut accepter d’être déstabilisé puisque rien n’est immuable. Chaque événement est une occasion d’élargir notre conscience, de vivre de nouvelles expériences, de sortir de notre zone de confort et de voir le monde différemment.

Voir le monde différemment… C’est le risque d’une nouvelle relation, le défi d’un nouvel emploi, la découverte d’une nouvelle ville, d’un nouveau pays… La construction d’un nouveau chez-soi, d’une nouvelle identité.

Je vous souhaite que la période des fêtes vous offre de nombreuses occasions de voir le monde différemment. Découvrez la vie sous un nouvel angle avec vos proches et dans votre famille! Évoluez, changez vos traditions, ouvrez-vous sur le monde et les êtres humains qui le peuplent!    

En vous souhaitant une période des fêtes à l’écoute des changements qui surviennent en vous et autour de vous… Je vous souhaite une nouvelle vision du monde en 2014.

Très sincèrement,
Alain Rioux, Ph.D. Gestionnaire de Psycho-Ressources
https://www.psycho-ressources.com/psychologue-quebec-ca.html

Commentaire

Bonjour Alain,

« Voir le monde différemment… », nous invites-tu.
Je l’ai vu tant de fois différent, nourrisson dans les bras de ma mère… à 4 ans premier jour d’école, adolescent premiers émois, premières révoltes, Père, Grand-Père, Arrière Grand Père. Chaque fois un autre monde naissait, différent, mais toujours empli des premiers jours oubliés, ceux qu’il faudrait retrouver, innocents que nous étions, portant en nous le verbe créateur…

Voir le monde différemment soyons en les artistes !

Bien à toi, Bonnes Fêtes
Gilbert Bresson, Psychothérapeute
https://www.psycho-ressources.com/gilbert-j-bresson.html


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S’enraciner dans l’instant présent

Sommaire

Déjà avant notre naissance nous sommes liés aux histoires non terminées de nos parents, de nos aïeux et de notre société. Comme des cycles restés ouverts, ces héritages influencent nos vies car nous ne pouvons pas nous couper de nos racines sans nous perdre. Ces histoires se rejouent notamment dans nos propres difficultés, dans des destins qui se répètent. Les tentatives de s’en protéger, par exemple en se renfermant, ou en se conformant trop aux autres et à la société, nous empêchent d’être véritablement nous-même et de vivre l’instant présent.

L’auteur nous invite à comprendre les lois transgénérationnelles qui régulent ces héritages. Loin des clichés établis, sa démarche consiste à ne pas couper les liens aux origines mais à les intégrer en nous inspirant des sagesses traditionnelles et des pièces que Sophocle avait consacrées à Œdipe. Ce n’est pas en érigeant des barrières, en se « blindant », que l’on se libère des difficultés, mais en renouant avec soi-même et avec les autres à un niveau plus profond, souvent inconscient. Plutôt que d’exacerber une politique individualiste et égocentrique, qui nous désolidarise des autres et de nos origines, l’auteur propose de renouer avec le sujet en soi pour revenir à l’essentiel et y prendre racine.

Extrait de l’introduction

Chacun d’entre nous éprouve, à diverses occasions, la sensation de ne plus vraiment être soi-même, de ne pas être totalement présent. Au contraire, il nous arrive aussi de nous sentir particulièrement bien avec nous-même, « bien dans ses baskets », en accord avec l’instant présent. Entre ces deux extrêmes, la balance peut momentanément pencher d’un côté, comme elle peut durablement pencher de l’autre. La plupart des personnes intègrent ces fluctuations sans éprouver le besoin d’approfondir les explications qu’elles s’en font. Mais lorsque la sensation de ne plus être authentiquement soi-même devient trop désagréable, lorsque des problèmes se répètent ou prennent de l’ampleur, c’est la vie elle-même qui nous force à approfondir nos interprétations et à mieux nous connaître.
Les héritages transgénérationnels jouent un rôle essentiel dans ces fluctuations qui nous éloignent de nous-même. Ils nous renvoient à l’originaire, à quelque chose d’intemporel et par-là, à notre propre présent. Les Anciens avaient bien compris ce rapport de dépendance entre la capacité à être soimême dans le présent et l’influence de ces héritages transgénérationnels.

Être au clair sur ses origines, sur ses racines, permet d’en être plus indépendant, d’être plus libre d’exister dans l’instant présent. Contrairement à ce que l’on pourrait croire à propos du « transgénérationnel », il ne s’agit pas de plonger dans le passé, mais de reconnaître dans le présent la présence d’un passé non passé afin de l’intégrer et tourner enfin les pages des histoires inachevées. L’intégration de ces charges inconscientes réclame une plus grande présence, celle qui est propre au sujet en soi.

Les héritages transgénérationnels sont la plupart du temps totalement inconscients et se manifestent de manière indirecte et déformée. Ils offrent un terreau fertile à de nouvelles difficultés existentielles.

Même s’il est facile de revenir à soi et au présent, pour que cet état dure, pour que les mêmes situations ne se répètent pas à nouveau, il s’agit d’intégrer ces héritages transgénérationnels inconscients et ainsi de s’enraciner dans l’instant présent. En effet, les expériences non intégrées dans nos familles ont tendance à se répéter ou à générer des mécanismes de défenses tout aussi dommageables. Pour le meilleur et pour le pire, notre rapport au monde et nos modes de vie dépendent de ce dont nous héritons de nos aïeux. Ces vécus non intégrés par nos ancêtres transmettent des « casseroles » que nous héritons sans même nous en rendre compte. Conscients et inconscients, ces héritages oeuvrent dans nos vies, ne manquant pas de nous influencer et de nous empêcher de vivre l’instant présent.

S’enraciner dans l’instant présent
Le sujet en soi
Par Thierry Gaillard
(176 pages , Ecodition 2013 , ISBN 978294054013)
Plus de détails: http://www.ecodition.net/livre/s-enraciner-dans-l-instant-present/

Thierry Gaillard, Psychanalyste, Genève, Suisse
https://www.psycho-ressources.com/thierry-gaillard.html


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