L’auto-psychanalyse – Oublis, lapsus, pertes d’objets

L’auto-psychanalyse
Oublis, lapsus, pertes d’objets

Gérard Bonnet

Collection PSY POUR TOUS
Éditions In Press

SOMMAIRE

« J’oublie tout », « Je n’arrête pas de perdre mes papiers », « j’ai encore fait un lapsus malencontreux en pleine conférence » … Personne n’est à l’abri de ces mésaventures qui émaillent la vie quotidienne et dont les effets sont parfois désastreux.

Pour y pallier au plus vite, chacun y va de son interprétation, suivant la voie ouverte par Freud dès les débuts de son oeuvre. Mais le plus souvent, il s’agit d’une interprétation dite sauvage, qui cherche à colmater la brèche plutôt qu’à l’explorer. Avec le temps, l’autoanalyse a perdu de son tranchant !

Ce livre propose de la réinventer, en revisitant d’une façon nouvelle et inédite les interprétations freudiennes, et en promouvant une véritable auto-psychanalyse à partir des actes manqués les plus courants. Il démontre le rôle que joue la honte dans l’oubli, la colère dans les lapsus, les deuils dans les pertes d’objets ; repère comment on s’y adonne à des plaisirs primaires mais refoulés depuis l’enfance, de type oral, anal, visuel ; détaille avec précision les fantasmes essentiels qui s’y défoulent et que nous n’osons même pas imaginer.

Cette auto-psychanalyse n’est pas un simple exercice solitaire, c’est une réflexion en situation, tenant compte de tout ce qui touche le sujet, en lui et autour de lui. C’est finalement la meilleure introduction qui soit à la connaissance de l’inconscient et de la psychanalyse. A condition de mettre ses pas dans ceux de Freud et de ne pas chercher à se bercer d’illusions.

L’AUTEUR

Psychanalyste (APF), co-créateur du Collège des Hautes Etudes Psychanalytiques, Gérard Bonnet a été enseignant de psychopathologie à l’Université Paris VII, secrétaire de rédaction de la Revue Psychanalyse à l’Université, et il est l’auteur de nombreux ouvrages de psychanalyse.

Après avoir travaillé toute sa carrière en hôpital et en secteurs psychiatriques, il dirige actuellement l’Ecole de Propédeutique à la Connaissance de l’Inconscient (EPCI), où il donne un enseignement de psychanalyse destiné à un large public qui est à l’origine de ses ouvrages actuels.

EXTRAIT

Un retour aux sources

« Je perds tout », dit l’un, « j’ai encore fait un lapsus malencontreux en pleine conférence », dit un autre, « j’ai toujours peur d’oublier » ajoutent certains, qui font un noeud à leur mouchoir, utilisent des petits papiers pour noter, recourent aux « pense-bêtes », aux « aide-mémoire » de plus en plus sophistiqués, … et qui oublient de les consulter, ou qui les perdent ! Qui peut se vanter de n’avoir pas éprouvé cette peur, la terrible peur de dire un mot pour un autre, de perdre un bijou prestigieux, d’oublier surtout : oublier un nom important à l’instant fatidique d’une rencontre, oublier une date, au moment capital et décisif d’un examen, oublier où l’on a rangé tel document lorsque surgit le préposé qui l’exige, et j’en passe. Personne n’est à l’abri de ces mésaventures qui émaillent la vie quotidienne et dont les effets sont parfois désastreux.

Pour la psychanalyse, la cause est entendue : dans la plupart des cas, c’est l’inconscient qui nous joue ces mauvais tours. Et ces tours ne sont pas si mauvais que cela, puisque ce sont des signaux insistants, répétitifs, des rappels à l’ordre venus d’un univers intérieur qui dispose de nos forces les plus vives. Tout le monde en convient plus ou moins aujourd’hui depuis que Freud a entrepris l’analyse des actes manqués dans la vie quotidienne. Au fil du temps, cette forme d’analyse est devenue monnaie courante, elle s’est immiscée dans toutes les conversations. Malheureusement, comme toute conviction de ce genre, elle a perdu de son tranchant, elle s’est affadie : on cherche plus souvent à justifier nos bévues qu’à les analyser, à se rassurer plutôt qu’à scruter vraiment ce qu’elles disent. Telle qu’on la pratique aujourd’hui, leur analyse reste généralement à la surface des choses : « j’ai oublié de téléphoner à Antoine pour son anniversaire … c’est probablement parce qu’il a critiqué mon livre l’autre jour ». Et on en reste là.

C’est pourquoi il est temps de revenir aux sources. Quand Milton Erikson a proposé de passer de l’hypnose à l’autohypnose, c’était pour donner à chacun la capacité d’exercer lui-même et pour lui-même cette pratique en la rendant à sa vertu première. Si je propose ici le terme d’auto-psychanalyse, c’est dans le même esprit : ce n’est pas seulement pour me distinguer du terme classique d’autoanalyse (1) , c’est pour ramener cette pratique à ses origines, et signifier que ce n’est pas un simple exercice solitaire, mais une réflexion en situation, tenant compte de tout ce qui nous touche, en nous et autour de nous. C’est d’ailleurs la meilleure introduction qui soit à la connaissance de l’inconscient et de la psychanalyse. A condition de mettre ses pas dans ceux de Freud et de ne pas chercher à se bercer d’illusions. C’est une façon de promouvoir et d’encourager ce que P.-L. Racamier appelait « la psychanalyse sans divan ».

L’unité apparente affichée par le moi conscient est une façade, une façade nécessaire pour se poser dans l’existence, mais elle empêche souvent d’aller à la rencontre des poussées anarchiques et contradictoires qui se manifestent de temps à autre et alertent sur des envies qui nous régissent en profondeur. Or cela n’est possible que si on psychanalyse au sens propre du terme, en donnant la priorité aux éléments cachés, dérangeants, qui viennent troubler notre nécessaire narcissisme.

Je me souviens de ce jeune homme, qui avait un jour proposé de reconduire chez elle en voiture la fiancée de son meilleur ami : cela s’est passé en tout bien tout honneur, mais au moment de prendre le volant, il s’est donné un violent coup dans l’œil qui l’a sévèrement handicapé tout au long du parcours. Quelques semaines plus tard, il déclarait sa flamme à la fiancée en question, se brouillant à tout jamais avec son ami de toujours. Cela n’a toutefois pas duré, car il a eu son tour : la fiancée infidèle l’a quitté lui aussi, le laissant dans le plus grand désarroi. Au cours de son analyse, il est revenu sur l’épisode du « coup dans l’œil », et, grâce à un rêve, il l’a associé à l’aveuglement dont Œdipe s’est puni pour avoir commis l’inceste. Et il s’est dit alors que s’il avait analysé cet acte manqué sur le moment même, il se serait peut-être évité les mésaventures ultérieures.

Note (1)
Et aussi pour différencier cette approche de celle de mon Que sais-je sur L’autoanalyse aux PUF, qui est nécessairement plus restreinte compte tenu des impératifs de la collection

Collection Psy pour tous aux éditions In Press, Paris.
Dirigée par Gérard Bonnet

Cette collection met à la portée de tous les concepts psychanalytiques les plus courants. Rigoureux, mais toujours accessible, les ouvrages de la collection sont destinés à tout public. Un plan clair, un propos accessible, des livres courts à petit prix.

Site Web – http://www.inpress.fr/nouvelle-collection-psy-pour-tous/

Autres ouvrages de Gérard Bonnet dans la même collection

La vengeance – L’inconscient à l’oeuvre
https://aws.psycho-ressources.com/blog/la-vengeance/

L’Angoisse – L’accueillir pour la surmonter
https://aws.psycho-ressources.com/blog/angoisse-la-surmonter/

Le Narcissisme – De l’amour de soi à l’amour de l’autre
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