24 HEURES HÉRO

couvert-24heures-hero24 HEURES HÉRO
Saphir Essiaf & Philippe Dylewski
Éditeur : Fièvre Jaune

Cette fois,c’est vraiment arrivé près de chez vous…  Tiré d’une histoire vraie?

24 Heures Héro est avant tout le fruit d’un gros travail de préparation. Visites dans les squats le jour ou la nuit, interviews de dizaines de toxicomanes, entretiens avec des travailleurs sociaux…

En résumé, le livre n’est pas tiré d’une histoire vraie mais de tas d’histoires vraies. Les auteurs n’ont fait que retranscrire ce qu’ils ont vu et entendu.

Les premiers lecteurs nous ont fait part de leur incrédulité. C’est vrai qu’un monde aussi innommable à deux pas de votre rue est incroyable. Cette même rue se retrouve à l’identique partout dans le monde. Et partout, ceux « du monde d’en haut » ignore tout des damnés du « monde d’en bas ».

La naissance de 24 heures héro

Philippe et Saphir sont tous les deux nés à Charleroi. En 2015, une idée est lancée: raconter des histoires de gens du quotidien. Pas les géants qu’on voit à la télé ou au cinéma. Pas des êtres d’exception imbibant l’époque d’un charisme de colosse. Non, juste des gens. A la fois extraordinaires et si ordinaires. Ceux à qui on ne fait pas attention parce qu’on ne les voit pas. La vie des toxicomanes que nous croisons chaque jour est tout simplement incroyable. Ils vivent à côté de nous, mais ils pourraient aussi bien être originaires d’une autre galaxie. Leur univers est peuplé de nos pires craintes. On pourrait être dans un bouquin de science fiction, mais non, on est bien dans les rues de Charleroi.

Les auteurs
Philippe Dylewski & Saphir Essiaf

couvert-24heures-hero-auteursSaphir Essiaf. Né en 1976 à Charleroi, Saphir Essiaf a une formation d’éducateur spécialisé. Il passe plusieurs années dans la sécurité privée avant de se réorienter vers ce qui compte pour lui : les gens. Aujourd’hui, il partage son temps entre son travail au sein de la cellule sdf de Charleroi et son école de Muay Thai. Régulièrement, il anime des ateliers de gestion de la violence et intervient comme écrivain public auprès d’une population précarisée.

Philippe Dylewski. Né en 1966 à Charleroi, Philippe Dylewski a une formation de psychologue. Il a dirigé un cabinet de recrutement pendant 15 ans avant de devenir détective privé spécialisé dans la recherche de personnes disparues. Il partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et l’animation de formations en négociation. Il a publié «Confessions d’un privé» en 2010 chez L’Express et «Comment pourrir la vie de son patron» en 2015 chez Fayard.

Pour commander.
https://fievrejaune.be

EXTRAIT

06h47

Je me réveille à la première crampe. Mon cœur cogne dur à sa porte. Je le comprends, il veut sortir de cette charogne pourrie qui est moi. Moi aussi je voudrais sortir de moi. J’essaye de rester immobile, ne pas provoquer la douleur. Ça va aller, ça va aller. J’ai la bouche ouverte, et je me vois une seconde comme un saumon affolé, nageoires en sauve-qui-peut, tout juste arraché à sa si froide et si paisible rivière. Puis ça se calme. Quelques secondes. C’est le pire moment parce que je sais que la suite arrive. Seigneur que j’ai froid, ça me coule glacé de partout. Pas bouger, rester calme, maitriser le truc.

C’est là que tout le banc de piranhas attaque d’un seul coup : mollets, bras, nuque, mon ventre se déchire et je me chie dessus en un long jet libérateur. Avantage immédiat, j’ai beaucoup moins froid. Nadia dort toujours. Formidable, j’ai réussi à ne pas hurler. Même après 8 mois de rue, je reste un grand adepte de la pensée positive.

Le défi suivant est de taille : me relever lentement sans déraper dans la merde. Si je roule sur le côté, je plonge dedans. J’essaye de replier les genoux et de pousser avec les mains bien à plat sur le matelas mais je n’y arrive pas, pas assez de force. Triceps et abdos complètement fondus. J’ai très fort envie de pleurer et la seule chose qui me retient, c’est que si Nadia se réveille à ce moment-là, tout ce qu’elle verra, c’est son mec en larmes avec des bulles de morve explosant en rafales de son nez, entièrement tapissé de caca des orteils à la taille. Le monde dans lequel je vis aujourd’hui ne me pousse pas trop à avoir de grands sursauts de dignité, mais il me reste parfois des éclairs d’amour propre. Je me dis que tant qu’il y a de la honte, il y a de l’espoir.

Je réussis quand même à me retrouver à quatre pattes et aussi débile que ça puisse paraitre, je conçois une grande fierté à n’avoir que le bout du pied gauche dans la flaque d’excréments. Ça et le fait que ma main est posée sur l’aiguille d’une seringue usagée font que je suis debout en un instant. Toutes mes articulations hurlent leur profonde contrariété, ma tête veut jouer à l’Exorciste et mon cœur continue d’exiger violemment sa relaxe immédiate, mais ça va mieux. Dans une minute, ce sera la forme. Je regarde Nadia dormir et pour la deuxième fois en trois minutes, je fais tout ce que je peux pour contenir mes larmes. Elle a l’air tellement tranquille. Tellement en paix. Elle tient très fort « Tiiik » dans ses bras, je suis sûr que son ours en peluche la protège des mauvais rêves. Elle l’aime et lui aussi l’aime. Elle dort bien. Elle a un peu bavé sur la tête de son nounours et les poils sont un peu collés. C’est trop mignon. Nadia est un peu trop maigre, mais rien de catastrophique. Elle a des ecchymoses et des croutes derrière le genou parce qu’elle ne veut plus que je la pique dans le bras. Mais à chaque fois elle pleure parce que ça fait trop mal alors on est bien forcé de continuer à employer les veines des bras. Sa petite culotte « Snoopy » est déchirée et pas très propre. Elle est belle et une petite voix professionnelle et neutre me dit : « plus pour très longtemps.

Pour commander.
https://fievrejaune.be

Saphir Essiaf & Philippe Dylewski
ISBN : 1096819007
Éditeur : Fièvre Jaune


Ce contenu a été publié dans Actualités de la Psychologie, Livres, Publications, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.