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Une vérité qui libère

EXTRAIT: " LES PHOBIES "

Par Nicole Lecocq-François
Psychothérapeute Catharsiste glaudienne
Belgique
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Extrait de « Une vérité qui libère - Du passé imposé au présent libéré » aux 2ditions Quintessence, janvier 2009. Pages 189-190 et 192-193.

LES PHOBIES

Douze pour cent des Français seraient phobiques (1) . Nous voyons en Catharsis que les phobies répondent à un mécanisme d’inhibition de l’action rendant l’action concernée totalement impossible. Une des phobies les plus connues est la claustrophobie avec ses ressentis d’étouffement, de peur et autres manifestations physiologiques, comme les sueurs et tremblements. Des formes atténuées existent, rendant juste l’action malaisée. La personne peut aussi utiliser des mécanismes de détournement, comme éviter de se trouver dans la situation problématique. 

J’ai répertorié quatre sortes de phobies, les trois premières sont décrites plus ou moins couramment. La quatrième m’est apparue à l’exercice de la Catharsis.

1. De déplacement. 

Scott Peck la définit : Des peurs, des répulsions, sont reportées sur autre chose, quand on ne peut pas reconnaître l’objet premier de cette peur ou répulsion (2) . Je me suis permise de remplacer le mot « veut » de la phrase par « peut », car d’après mon expérience, on ne le peut pas parce que cela active des éléments inconnus de soi. Scott Peck rapporte un cas de phobie chez une jeune femme qui ne peut pas prendre conscience de sa peur et de sa haine envers sa mère, alors même qu’elle a une relation fusionnelle avec elle. Alors, elle devient phobique : Quand elle voyait une araignée dans la maison, si minuscule ou inoffensive fût-elle, elle s’enfuyait et ne pouvait rentrer avant qu’on l’ait tuée et fait disparaître. Cette fixation symbolise son conflit intérieur. Elle va devoir prendre conscience du comportement abusif de sa mère et de ses propres ressentis, pour pouvoir se libérer de ce lien de dépendance - et de cette phobie - et acquérir son autonomie. Elle le fera au bout de six ans de thérapie classique. 

2. De mimétisme. 

Un enfant peut « prendre » la phobie de sa mère, celle de l’orage par exemple, lors de situation(s) d’orage au cours desquelles la mère manifeste un état de panique important. Le déconditionnement par hypnose fonctionnerait très bien dans de tels cas; Albert Glaude intervenait ponctuellement pour opérer de tels déconditionnements. 

3. De traumatisme(s). 

La phobie est causée par un ou plusieurs traumatismes en lien direct ou non avec l’objet de la phobie. Par exemple, une agoraphobie née d’un viol : la personne développe la peur que son viol ne soit « écrit sur son visage » ; elle a eu peur d’être vue, que l’on sache, elle ressent une honte secrète, une peur de parler en public, mais elle a occulté l’origine de son problème. Le traitement de telles phobies ne peut se faire par déconditionnement, car on crée alors un déplacement de symptômes.

4. De résolution de conflit. 

L’enfant se crée une phobie pour une question de survie psychique, en résolution à un conflit insoluble autrement. Nous verrons cela dans l’exemple de la phobie de contamination.

Les phobies relèvent parfaitement de la Catharsis. On peut comprendre qu’un déconditionnement fonctionne très bien aussi dans le cas numéro deux, car il n’y a pas d’occultations à son origine, contrairement aux autres types. 

(…)

Voici un exemple maintenant d’une phobie née d’un traumatisme. Je l’ai intitulée : 

La télévision « baby-sitter » ou la naissance d’une phobie

Au seuil de sa Catharsis, cet homme n'a pratiquement aucun souvenir de sa vie avant ses douze ans. Outre les occultations mises à jour, de nombreux souvenirs refoulés affluent. Parmi ceux-ci, s’imposent les images des coins et recoins des deux maisons entre lesquelles il partage sa vie dans son enfance. Ces lieux le terrorisent : couloirs, pièces inoccupées, renfoncements, hangars sont autant de possibilités pour que s'y cache une présence dangereuse, prête à lui sauter dessus. C'est au point qu'il ne peut rejoindre la toilette et qu'il résout son problème à la mode d'un enfant, en faisant pipi dans le pot de fleur, le radiateur et même la gouttière. A d'autres moments, il se retient et urine dans ses vêtements. Il fallait, pour qu'il ait peur ainsi, qu'il se soit passé quelque chose avant. Nous allons voir cela…

Vers cinq ou six ans, il est seul et voit un film d'horreur à la télévision; il en est complètement terrorisé. La régression enclenchée donne la mesure de cette terreur : 

Je n'ose plus bouger, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un derrière moi, derrière le divan; petit à petit, je me retourne et vois qu'il n'y a personne là ; alors j'ai pris mon courage à deux mains et couru jusque ma chambre et là, comme je suis seul, j'ai démonté la « clinche » (3) pour pas qu'on rentre. Couché, je regarde le mur d'en face et je revois les images du film, comme en négatif. Ca m'est arrivé souvent de rester seul. Même quand il y a un peu de lumière dans le couloir, je ne suis pas à l'aise. Je dois être petit parce que j'ai le souvenir où j'ai des difficultés à ouvrir la porte, à attraper la poignée et la soulever... J'ai le sentiment que quelqu'un est derrière le divan et va m'attraper. Peur qu'on me plante un couteau à travers le divan. Je me suis barricadé, mais j'ai peur que quelqu'un puisse surgir, parce qu'il y a des recoins. Je me revois dans des couloirs, traverser à tout allure tellement j'ai peur. J'ai l'impression d'être tapi apeuré sous les couvertures. Toujours ce sentiment qu'on va m'attraper. Je suis recroquevillé, je tiens la couverture pour si quelqu'un veut la soulever; je la passe derrière ma tête aussi; je suis un peu comme une momie. Je crois que j'ai fait ça plusieurs fois, pas que cette fois-là. J'ai trop chaud, je ne sais plus respirer en dessous, je lâche un peu, je suis tétanisé. Je crois que ça m'arrive chaque fois que mes parents partent et qu'il n'y a personne d'autre. J'ai revu le film en négatif, puis je l'ai rêvé. Chaque fois que je dors seul, j'enlève la « clinche » de ma porte. L'idée du couteau revient. Dans le film, quelqu'un a été poignardé, assis dans un divan. Je regarde ce film dans le noir total. Le personnage a un visage tout blanc (il le nomme, mais c’est inintelligible pour moi et je ne l'interromps pas pour un détail). Je me demande s'il ne prenait pas les gens par derrière et plantait ses crocs... C'est un film en noir et blanc. Suite à la scène, je suis retourné dans le divan pour voir s'il y avait pas quelqu'un derrière moi. Je sens que j'ai le dos glacé. Je ne sais pas le nom du film (4) . L’enfant vit donc une expérience doublement traumatisante, c’est-à-dire : il est livré à lui-même trop jeune, et ensuite, il est terrifié par la violence d’un film. Personne n’est là pour le rassurer. Il projette alors le film dans la réalité, car son subconscient a été trop impressionné.

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NOTES

1 - Même émission. 
2 - PECK, Scott, Les gens du mensonge, éd. J’ai Lu, 1992, p.182 à 197.
3 - Poignée de porte.
4 - Ce texte est écrit dans un style continu; il est entendu que pendant la régression, il y a des blancs. 

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Nicole Lecocq-François
Psychothérapeute Catharsiste glaudienne, Belgique
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Conception et mise à jour  Alain Rioux. Ph. D., Psycho-Ressources, Tous droits réservés, © Copyright 2009.