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L’unisson Par Michèle-Rose Wainhouse Psychopédagogue, Écrivain, Site Web: http://michelerosewainhouse.com
L’unisson Quiconque entreprend la lecture des textes de A Course in Miracles pour la première fois se trouvera confronté, et certainement pour longtemps encore, à son langage hermétique, tant par son style que par son vocabulaire. Ce qui a pour résultat qu’il ne pourra qu’éprouver de la difficulté à adhérer à ce qu’il désire apprendre. Sa participation intellectuelle est pourtant nécessaire au désapprentissage de son système de penser afin qu’il puisse véritablement appliquer dans son expérience quotidienne ce que cet enseignement a pour objectif de lui apprendre. Rappelons pour mémoire que les trois livres, regroupés sous ce nom, se présentent comme un « cours » avec un programme d’auto enseignement précis et structuré, qui comprend un Texte théorique d’environ 800 pages, un Livre d’exercices d’environ 500 pages, comportant 365 leçons, un Manuel pour enseignants d’une centaine de pages auquel s’ajoute une brève Clarification de la terminologie. A vrai dire cette forme d’enseignement écrit n’a pas d’équivalent dans la littérature philosophique ou métaphysique occidentale. En effet, la situation paradoxale que provoquent l’incompréhension de l’élève d’une part, et son désir de comprendre d’autre part, est prise en compte, sans même qu’il s’en aperçoive, par les lectures répétées qu’il fera des textes, alors même qu’il aura l’impression de ne pas en saisir le sens et qu’il se rendra compte qu’il oublie instantanément ce qu’il vient de lire ou entendre. Malgré ces désagréments, la sonorité du verbe va opérer une modification structurale de son esprit qui éventuellement dissoudra la contradiction. Afin de bien saisir cette fonction particulière du système d’enseignement de ce cours, il faut rappeler que l’intention première qu’il revendique est d’amener l’élève à atteindre la paix de l'esprit (T.24-Intro). La paix de l’esprit n’est pas une mince affaire pour un esprit qui est si profondément investi dans le produit de la division et de la dualité. Car le système de penser qui en découle ne peut qu’être en conflit avec lui-même, luttant perpétuellement contre des propositions opposées, l’une abolissant l’autre à tour de rôle. Cet état de conflit permanent produit une dissonance au niveau de sa partie supra consciente, ce qui bloque l’intégration du conscient et de l’inconscient, perpétuant ainsi la division de l’esprit. Les trois niveaux d’enseignement du cours, verbal, sémantique et théorique, s’adressent donc à ces trois aspects séparés et, en rectifiant leur dissonance, unifie l’esprit de l’élève. Le niveau verbal Tentons de décrire l’inconcevable : L’Amour qui émane de l’Onde vibratoire, l’Esprit de Dieu, étend son énergie créatrice comme une résonance d’unisson. Sa Création, Principe Spirituel unifié ou Pensée de Dieu, est « l’unique Fils de Dieu » (C-I). Dans la Clarification de la terminologie, il est précisé que l’esprit, en tant que principe pensant, est « l’agent actif du principe spirituel ». L’esprit-un, dont il est impossible de former une représentation, est donc principe spirituel dont la résonance unificatrice est Amour. Cet état-un ne semble pas accessible à l’esprit divisé du Fils de Dieu qui, s’étant identifié à la séparation et la dualité, s’est fragmenté en multiples aspects. Ces fragments d’esprits, apparemment séparés les uns des autres, ne communiquent plus entre eux car, étant désaccordés et dissonants, ils ne vibrent plus à l’unisson. Non seulement ils sont incapables de communiquer entre eux, mais chacun d’eux est divisé en lui-même. L’état vibratoire est spécifique à l’esprit supra conscient, extension du principe spirituel, dont la fonction est intégrative ; or la dissonance le déstructure et le morcelle, rendant l’euphonie impossible, et provoque une apparente séparation de l’Onde. Comme le système de penser conscient et inconscient se construit avec les matériaux de cette déstructuration, il est primordial d’unifier le supra conscient pour que les accomplissements de l’apprentissage conscient et inconscient puissent s’intégrer. Après vingt années d’enseignement pendant lesquelles j’ai lu à voix haute ces textes, d’abord en anglais puis au fur et à mesure dans ma traduction, aux participants des groupes d’étude de A Course in Miracles, j’ai constaté que son contenu ne peut être assimilé par l’esprit égotique tel qu’il est programmé en chacun. La construction même du système de penser de l’ego fait barrage à ce que ce cours enseigne et le rend totalement hermétique à l’apprenant qui cherche à saisir intellectuellement la recette miracle qu’il espère obtenir par sa compréhension consciente. Et pour cause : assimiler ces principes revient à défaire, à annuler, le penser égotique dont le mode de fonctionnement lui fait prendre l’illusion pour la réalité. Ce que son ego, qui est investit dans l’illusion à ses dépends, ne le lui permet évidemment pas ; or il n’a aucun contrôle sur son ego qui est maître de son système de penser conscient et inconscient, autrement il ne chercherait pas un moyen pour échapper de ses diktats. C’est pourquoi au début de l’apprentissage, l’enseignement, ne pouvant être analysé et compris par des moyens dialectiques, doit être « entendu » comme l’est une œuvre musicale dans sa résonance profonde et affective. Ainsi le système de penser n’est pas attaqué, mais son support même (la résonance supra consciente), le terrain sur lequel il s’appuie, est progressivement changé, affaiblissant puis annulant l’emprise de l’ego. Cette action invisible sur la structure de l’esprit fragmenté modifie son terrain en lui faisant perdre sa rigidité et sa fixité habituelle qui étaient nécessaires à la préservation du système de penser égotique de l’apprenant. Le dépliement qui s’en suit défroisse les contractures mentales qui le limitaient et lui permet d’ouvrir son entendement à une nouvelle et plus large compréhension. Cette forme d’enseignement acoustique affecte le niveau supra conscient de l’esprit en réorganisant et en réajustant ses parties déstructurées qui s’en trouveront réalignées et purifiées. C’est par la prosodie du texte théorique et de celui de la plupart des leçons, ainsi que de l’usage répété du pentamètre iambique, si particulier aux vers de Shakespeare, que la résonance d’unisson est transmise à l’esprit supra conscient de l’élève. Ils impriment à la prose une rythmique dont l’euphonie a, entre autres effets immédiats et notable, d’apaiser son esprit dissonant. C’est pour cette raison qu’il est bénéfique que ces textes lui soient lus à voix haute. Rappelons qu’Helen Schucman « entendait » ce monologue (qui fut longtemps un dialogue entre elle et Jésus) qui lui était dicté intérieurement par une voix dont elle entendait le rythme et les intonations. N’en faire qu’une lecture visuelle équivaudrait à ne lire que la partition d’un morceau de musique en se privant de son écoute. Certes, on peut reconstituer mentalement les sons d’un concerto de Mozart ou d’une fugue de Bach par la lecture des notes qui figurent sur le papier, mais se soumettre à l’amplitude vibratoire des instruments et se laisser emporter par leur développement harmonique a des effets insoupçonnables. Comme les auditeurs d’un concert, les élèves de ce cours, qui entendent et sont soumis aux vibrations des phonèmes sonores de la voix et du rythme particulier du texte lu, font une expérience qui ne se limite pas uniquement à leur intellect, pas plus qu’elle ne les limite à leur compréhension logique et consciente. Par l'écoute répétée et soutenue de ces lectures à voix haute, l’esprit supra conscient va doucement et aisément accueillir une certaine catégorie de sons qui l’ajusteront à l’accord parfait, indispensable pour distinguer l’autre Voix qui est en lui. Ce thème de la Voix, du son, du « chant oublié » revient constamment dans le cours, comme celui du développement de l’écoute intérieure qui remplacera éventuellement la lecture à voix haute. Le niveau sémantique L’apprentissage parallèle au niveau du système de penser inconscient se fait naturellement par la pratique quotidienne de chacune des 365 leçons. « Connais-toi toi-même » est le leitmotiv du cours. Ce travail de connaissance déconditionne le système de croyances inconscientes de l’élève en les faisant émerger à son attention consciente, ce qui lui permet de les reconsidérer et éventuellement de les rectifier. Progressivement, l’élève comprend que le sens qu’il avait donné au monde et à lui-même était basé sur de fausses prémisses et qu’en les confiant consciemment au principe spirituel en lui, elles se défont et disparaissent, alors qu’il apprend à s’identifier à ce qui est réel en lui. Son apprentissage, par le moyen des leçons – qui prend généralement bien plus qu’une année –, l’élève apprend à remettre en question ses croyances démentes auxquelles il ne savait pas qu’il croyait, et dégage petit à petit une idée de lui-même qui n’est pas ce « je suis » auquel il s’identifie d’habitude. Un autre « je » apparaît, qu’il est coutume d’appeler l’observateur, ce point neutre et provisoire qui est, en quelque sorte, le pouvoir du choix. L’apprenant a longtemps ignoré sa capacité à choisir entre la démence de son système de penser égotique et la raison de son esprit saint. Grâce au dévoilement de l’observateur en lui-même, qui se reconnaît à sa neutralité émotionnelle et au détachement de son regard, il pourra de plus en plus facilement faire ce choix salutaire. Il apprendra donc à compter de plus en plus sur cette partie de son esprit, que le cours nomme l’Esprit Saint, qui réside dans la partie supra consciente de son esprit et dont l’unisson de sa Voix en lui témoignera de ses progrès. Au fur et à mesure qu’il intègrera les leçons qui lui sont données journellement et qu’il apprendra à faire le bon choix, il s’apercevra qu’il n’y avait jamais eu de choix entre la vérité et l’illusion ; il découvrira alors que seule l’unisson de la vérité est. Et la dissonance de l’illusion ne sera alors plus pour lui une option. Il n’en reste pas moins que parallèlement à l’action qui s’effectue au niveau supra conscient, mais qui requiert tout de même son consentement explicite à écouter, et à l’étude assidue des leçons qui lui révèleront son système de penser inconscient, l’élève doit aussi apprendre au niveau conscient ce que la théorie métaphysique, psychologique et spirituelle et les mots qui l’enseigne signifient, car il lui faudra intégrer le sens renversé que leur donne l’auteur du cours, puisque ce renversement du sens rectifie l’erreur qui justifiait tout le système illusoire. Les mots ne sont pas les choses qu’ils désignent ; ils sont symboliques (L.184). Certains d’entre eux désignent des représentations imagées dites concrètes, d’autres désignent des concepts ou des idées abstraites. Un mot n’est jamais la chose elle-même. La confusion entre les uns et les autres est pourtant courante et leur signification rarement clarifiée. En désignant les choses séparées, les mots entérinent et rendent réels ce qu’ils représentent ; ils sont donc au service de la séparation et du système de penser qui en découle. Et quoi d’autre que la vérité pourrait conduire à la réalisation consciente que la paix est l’état d’unisson en Soi ? |
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