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Sexualité positive

Par Eric Brabant, Gestalt Thérapeute et Formateur
Toulouse, France
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Sexualité positive

Le sexe mène le monde, écrivait Colette Chiland, mais il me semble qu’il est loin de remporter les Oscars. Entre les pannes sexuelles, l’égocentrisme, la déviance sexuelle, la violence relationnelle, toute la psychosomatique sexuelle en passant par le viol conjugal (Sexualité par violence physique ou morale) et l’inceste, il est loin de laisser de bons souvenirs à l’unanimité. Plus de la moitié des gens souffrent de difficultés sexuelles.
En tant que psychothérapeute, il me parait normal de ne pas en entendre dire du bien, j’en entend souvent parler en termes négatifs. Pourtant il me tient à cœur de vous livrer une récente réaction de ma part. 

J'aime beaucoup les textes à propos de La Tendresse. Je les ai appris et les chante à mon tour. Pour moi, la sexualité commence le matin au réveil, selon la façon dont on se dit bonjour… Puis elle continue dans la journée, de la façon dont on se retrouve et selon la tendresse et l’écoute qu’on s’apporte.

Écouter et entendre l'autre permet aussi de le rencontrer vraiment sans lui apporter ce qu'on croit qui l’aidera ou lui fera plaisir... Dans la relation sexuelle, les gestes et caresses sont souvent projections de nous-mêmes et non vraie rencontre de l’autre. Écouter permet d’éviter les projections qui consistent à anticiper le désir et à penser à la place de l’autre, le plus souvent pour satisfaire une envie qui est nôtre : je dois lui caresser le sein… Il va aimer ce que je lui fais à la nuque…

On parle de plus en plus, dans les médias, magazines, etc., de nouvelles techniques et méthodes considérées autrefois comme perverses. 
Aujourd'hui on discute volontiers d'échangisme, de caresses buccales ou autre, mais je suis convaincu que l'Amour ne se situe pas uniquement là et qu'on parle totalement à coté de la plaque.
Je ne fais pas l'amour uniquement avec mon sexe, mes accessoires ou mes zones érogènes ou ceux de ma compagne. Sexualité n'est pas génitalité, même si la génitalité en fait partie. Mais ce serait pauvrement réducteur que de réduire l'acte d'Amour à la génitalité. Ce serait pratiquer la relation sexuelle de façon égocentrique en prenant le partenaire pour objet de consommation.

On parle de plus en plus de sexualité, assez peu de relations sexuelles, et encore moins de relations. Aurait t-on oublié que la locution « relation sexuelle » comporte le mot « Relation » ? Ce terme est synonyme de rencontre, de communication et de partage. Faire l’amour n’est pas pratiquer la simple copulation. C’est une activité spécifique à l’Homme, elle consiste à apporter d’abord la notion de Relation dans la sexualité. 
Ensuite vient la notion de sexualité, entendue aussi dans l’aspect d’identité sexuelle. Qui suis-je et comment fais-je en tant qu’homme, en tant que femme dans cette relation ? Jung a démontré que nous avons tous un côté masculin et un côté féminin en nous qu’il a appelés Animus et Anima. Homme ou femme, puis-je entendre et agir ces côtés masculins, féminins, yin et yang en moi ? 

La relation sexuelle est la rencontre de deux individus avant d'être la rencontre de deux organes sexuels ou de deux zones érogènes... Individu vient de Individuum = indivisible.
En fait, toute zone du corps est érogène selon les modalités avec lesquelles on l’aborde. Il y a des zones plus « chaudes », plus sensibles que d’autres, certes, mais ces zones stimulées deviennent parfois aveuglantes et constituent un obstacle à la rencontre et à la tendresse.

On ne peut pas faire l'amour de façon épanouissante si on ne pratique pas l'Amour et le respect à chaque instant de la journée. Et ce n'est pas parce que je vais rajouter un cunnilingus, un massage sexy, trois accessoires et une séance de caresses à la plume de pigeon que cela va changer quoi que ce soit ! 
C'est vrai que, pour moi, faire l'amour se centre plus sur la relation, la rencontre, le toucher et on pourrait même dire que, comme la cerise sur le gâteau, la génitalité passe bien après.

Lorsque nous faisons l’amour, nous ne sommes pas des consommateurs acharnés, mais chaque fois c'est un moment d’anti-vitesse où nous prenons le temps de nous rencontrer, d’écouter nos rythmes ; nous prenons le temps de prendre le temps.

Lorsque l’acte sexuel est dénué de rencontre, qu’il ne se contente que de caresses et palpations aux endroits érogènes, en France on appelle cela la « baise ». 
Quel drame de se "baiser" sans se toucher, tant corporellement qu'affectivement ! 
Quelle horreur de pratiquer sans « être là » : il fait ses trucs pour décharger une angoisse ou il s’amuse comme sur une poupée, elle pense à plein de choses qui n’ont absolument rien à voir… Quand l’abnégation devient aliénation, dans un sentiment de devoir faire et de non respect de soi.
Si le besoin masculin est de l’ordre de la décharge d’une angoisse, l’homme s’endort aussitôt après.
Pour moi, la "baise" est la rencontre de deux ou de plusieurs égoïsmes, le plus souvent l’imposition d’un égocentrisme à une soumission, un simple passage à l'acte, parfois un jeu morbide de domination-soumission.

Nous ne pourrions plus faire l'amour de façon habituelle sans nous Aimer profondément, nous respecter, nous écouter, nous arrêter, nous rencontrer... 
Écouter permet d'entendre ce rythme intérieur de chacun qui s'épanche de façon silencieuse, comme une caresse dans la rencontre. 
Nous faisons l’amour par désir, non par besoin.
Les ayant confrontées auparavant, nous laissons au loin nos peurs, nos mythologies et nos hontes.
Nous ralentissons nos rythmes car nous avons besoin de temps pour ressentir et déguster.
Nous écoutons nos bruits et nos silences.
Nous taisons nos esprits, le corps prend les commandes…
Nous découvrons et partageons nos gestes improvisés et accordés.
Et quand l’amour devient une danse…
Nous découvrons nos touchers. Toucher l’autre c’est le contacter, le caresser c’est se faire plaisir.

Ai-je un geste qui propose ou qui se sert ? Qui impose ou qui manipule ? 
Nous écoutons et partageons nos réactions corporelles, émotionnelles, affectives. 
Nous goûtons l’imprévisible, nous sommes surpris par nos désirs qui émergent à chaque instant.
Chaque fois, nous apprenons à nous connaître ainsi qu’à découvrir la sexualité du partenaire…
Nous observons nos attitudes et ressentons nos présences à l’autre.
Le résultat final appartient principalement à la partition que nous jouons à deux, pas au savoir faire de l’un ou de l’autre.

Passer de la génitalité à la sensualité est un long voyage… La sexualité comprend pour moi trois composantes indissociables : la tendresse, l’intimité et une certaine dose d’agressivité : oser demander, oser agir ou proposer, oser refuser. Le sexe, c'est pour moi bien plus de la sensorialité (Organes des sens), de la sensualité capiteuse (Chaleur, sensibilité) et du romantisme (Singularité, exaltation, rêverie). Puis c’est si bon d’échanger, de confronter, de partager la sensation, de donner et de recevoir.

Vient alors le septième ciel ! Il survient lorsque nos rythmes et nos corps s’accordent comme dans une chorégraphie effectuée dans le bain chaud des sensations… Dans une situation de plein contact où les individualités s’annulent : il n’y a plus un Je-Tu mais un Nous..
Et en cela c’est pour moi déjà une sorte d’orgasme. Mais un orgasme intense qui dure bien plus longtemps que celui qui accompagne ordinairement l’éjaculation. 
Et bien plus omniprésent aussi : orgasme de la tête (du plaisir, de la satisfaction…), des épaules, du ventre, du dos, des pieds, orgasme de la tête aux pieds….
Peu de monde a vécu cela. Pour vivre cela, il faut prendre le temps. 
Il faut écouter l’autre et s’adapter, s’ajuster à lui en se respectant soi. Et cette démarche est réciproque. Ayant connu cela, je peux dire que ce plaisir est bien plus puissant que l’orgasme ordinaire masculin.


Pour parvenir à tout cela et à l’instar de « Tu aimeras autrui comme toi-même », certains auteurs dont je suis avancent. : « Tu feras l’amour à autrui comme à toi-même ». Mais c’est un autre sujet…

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Par Eric Brabant
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