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La psychothérapie en France (DOSSIER)
Mise à jour: Novembre 2004

Partie 3 - La Fédération Française de Psychothérapie (FFdP)

Partie 1 - Histoire et approches
Partie 2 - Les psychothérapeutes
Partie 4 - Organisation membres de la FFdP et Bibliographie
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par Serge Ginger, Secrétaire général de la Fédération Française de Psychothérapie (FFdP)
avec la collaboration du Dr Michel Meignant, Président de la FFdP.

Contribution à l’ouvrage « Globalized Psychotherapy », sous la direction du Pr. Alfred Pritz, Secrétaire général de l’European l’Association for Psychotherapy (EAP) et Président du World Council for Psychotherapy (WCP)

Serge Ginger est psychologue clinicien et psychothérapeute didacticien en Gestalt-thérapie. Il est le fondateur de l'École Parisienne de Gestalt (EPG), le président de la Fédération internationale des Organismes de Formation à la Gestalt (FORGE) et l'auteur de plusieurs best-sellers sur la Gestalt, traduits en 10 langues. [ Références: GINGER S. et A. (1987). La Gestalt, une thérapie du contact. Hommes et groupes, Paris. 7e édition : 2003, 550 pages. (la nouvelle édition, de 2003 comporte une 15aine de pages supplémentaires); GINGER S. (1995). La Gestalt, l’art du contact. Guide de poche Marabout, Paris. 7e édition : 2004, 290 pages. (les éditions belges Marabout ont été rachetées par Hachette, Paris).] 

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Partie 3 - La Fédération Française de Psychothérapie (FFdP)

Qu’est-ce que la FFdP ?

Bref historique

La Fédération Française de Psychothérapie (FFdP) a été créée en mai 1995 pour regrouper l’ensemble des organismes de psychothérapie en France : associations nationales ou régionales, instituts et écoles de formation, syndicats professionnels. Elle rassemble aujourd’hui une soixantaine d’organismes, représentant une vingtaine de méthodes différentes.
La FFdP représente la France au sein de l’European Association for Psychotherapy (EAP) qui regroupe environ 120 000 psychothérapeutes professionnels dans 41 pays d'Europe. 
L'EAP et la FFdP se réfèrent à la Déclaration de Strasbourg (1990) qui précise que la psychothérapie est une discipline spécifique dont l'exercice représente une profession libre et auto-nome, exigeant un niveau élevé de qualification théorique et clinique. Cette profession est donc distincte de celles de psychologue ou de psychiatre — dont la formation universitaire n’inclut pas la psychothérapie.

Le CEP

Le Certificat Européen de Psychothérapie (CEP) a été institué lors du Congrès de Rome (juin 97). Il précise les conditions de formation : 3 200 heures en 7 ans (niveau bac + 7), incluant une formation approfondie de 4 ans minimum dans une méthode scientifiquement validée. Ces méthodes sont au nombre d'une vingtaine à l'heure actuelle (psychanalyse, thérapie comportementale, thérapie familiale, thérapies humanistes-existentielles, telles que : Gestalt-thérapie, analyse transactionnelle, PNL thérapeutique, hypnothérapie, analyse psycho-organique, psychosynthèse, etc.).
Les critères d’attribution du CEP ont été négociés au cours de nombreuses réunions interna-tionales (à Vienne, Londres, Rome, Paris, Amsterdam, etc.) par les délégués élus d’une trentaine de pays d’Europe. 
Dans un premier temps, est appliquée "la clause du grand père", concernant les anciens psychothérapeutes, déjà en exercice déclaré depuis au moins 5 ans et reconnus par une commission nationale de pairs. 
La FFdP est le seul organisme français habilité à délivrer le CEP.
La Commission nationale d’attribution du CEP est constituée de 12 membres élus à une majorité qualifiée des 2/3, parmi les titulaires du CEP et représentant 8 méthodes différentes.. Chaque méthode ne peut être représentée que par deux personnes, au maximum. 

À ce jour, la FFdP a étudié près de 400 dossiers détaillés (de 10 à 40 pages) de candidats au CEP. Chaque dossier est examiné minutieusement et ceux qui n’ont pas été encore titularisés par une commission nationale de pairs de leur méthode peuvent être convoqués pour un entretien devant la Commission nationale d'attribution du CEP. Plus de 300 dossiers ont été transmis à l'EAP avec avis favorable et ont obtenu leur CEP, tandis que 70 ont été ajournés. Les candidats doivent être agréés à une majorité des 2/3 puis acceptés aussi par l’Association européenne officielle représentant la méthode pratiquée (European Wide Awarding Organisation ou EWAO).

Le Registre national français des Psychothérapeutes (annuaire)

Un Registre national français des Psychothérapeutes est publié par la FFdP sur papier et tenu à jour sur Internet. La 1re édition (2000) comprenait environ 500 psychothérapeutes certifiés. La 3e édition en cite plus d'un millier : 73 % de femmes et 27 % d'hommes. Leur âge moyen est de 51 ans. 70 % d'entre eux avaient un niveau bac + 3 au début de leurs études de psychothérapie (soit bac + 7 en début d'exercice). 40 % avaient entrepris des études psychologiques ou en sciences humaines, 20 % des études médicales et 15 % des études sociales. 9 % se réfèrent à une approche psychanalytique et 73 % à une approche humaniste.
Le Registre est diffusé au grand public et aux Pouvoirs publics.
Pour y figurer, le psychothérapeute doit pouvoir justifier d'une formation complète, impliquant :
• une psychothérapie personnelle approfondie
• une formation spécifique théorique et clinique approfondie
• un contrôle ou une supervision de la pratique clinique
• un engagement à respecter le Code de déontologie de la FFdP.
Chaque psychothérapeute doit, par ailleurs, être membre de la FFdP (à titre individuel ou au titre d’un organisme membre) et contresigner la Déclaration de Strasbourg.

Les membres individuels

L’Assemblée Générale extraordinaire de mai 99 a décidé à l’unanimité d’admettre, en plus des institutions, des membres individuels sous certaines conditions et notamment s'ils font partie d'un organisme qui n'est pas encore actuellement membre de la FFdP (par exemple, des psychanalystes, thérapeutes familiaux ou hypnothérapeutes).
Les candidatures sont examinées par une Commission d’admission, puis votées par le CA. 
Le collège des membres individuels dispose d’une voix par tranche de 25 membres. 
À ce jour, la FFdP compte une soixantaine d'organismes et près de 500 membres individuels.. L'ensemble représente plusieurs milliers de psychothérapeutes.

La reconnaissance officielle de la profession de psychothérapeute

La FFdP a mené des pourparlers réguliers avec les Pouvoirs publics en vue d'une réglementation officielle de la profession, participant activement à l'élaboration de la loi du 9 août 2004, réglementant l'usage du titre de psychothérapeute.
La FFdP se préoccupe de protéger les usagers et elle lutte contre les mouvements sectaires qui usurpent parfois certaines techniques psychologiques et cherchent à induire une dépendance de leurs adeptes, alors que la psychothérapie vise, au contraire, à développer l’autonomie et la responsabilité. Elle propose une Charte des usagers de la Psychothérapie qui précise leurs droits et contribue à protéger le public contre les charlatans et les gourous.

Colloques, congrès et états généraux 

La FFdP organise régulièrement des Colloques et des Congrès. En 2001, elle a réuni Les États Généraux de la Psychothérapie, à Paris et dans plusieurs villes de province. 
Elle a entrepris à cette occasion une large enquête nationale de recherche sur la psychothérapie, auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 8 000 personnes — en collaboration avec l’institut national de sondages BVA et le magazine Psychologies. Cette enquête a montré qu'en France 5,2 % de la population générale a suivi, ou poursuit encore, une psychothérapie, soit près de trois millions de personnes. Ce nombre augmente régulièrement du fait des conditions de vie actuelles, et constitue donc une préoccupation d’intérêt nationale.
Cette première enquête de grande ampleur — effectuée auprès des usagers et non des professionnels — a permis de constater que, malgré la place considérable que la psychanalyse occupe encore dans les médias français, elle ne concerne plus que 30 % environ des thérapies (12 % si on ne prend en compte que la psychanalyse classique sur divan, à raison de plusieurs séances par semaine), tandis que les thérapies non analytiques, bien moins connues, représentent au total 70 % des traitements : 20 % de thérapies cognitivo-comportementales, 12 % de thérapies humanistes-existentielles, 12 % de thérapies familiales ou de couple… et 26 % de thérapies mal définies par les bénéficiaires — encore très insuffisamment informés. 
Les 2/3 des usagers sont des femmes. 50 % avaient consulté pour dépression, troubles du sommeil, angoisse ou stress majeur ; 22 % à la suite d’un deuil, d’un abandon ou d’un traumatisme psychique ; 21 % pour phobies ou attaques de panique. La consommation de médicaments psychotropes (antidépresseurs, tranquillisants ou neuroleptiques) s’élève à 49 % pendant la psychothérapie, et chute à 27 % après.
Au total, les usagers se déclarent satisfaits de leur psychothérapie dans 84 % des cas, appréciant particulièrement la qualité d’écoute, la compétence, l’intuition et la discrétion de leur thérapeute. Seuls 1,4 % se plaignent, notamment d’un comportement sexuel « ambigu » de leur psychothérapeute.
Ainsi, malgré une information encore insuffisante, la psychothérapie conquiert peu à peu sa place dans la population française, non seulement parmi les cadres supérieurs (23 %) et pro-fessions intermédiaires (21 %), mais aussi parmi les employés (13 %), les ouvriers (15 %) et même les paysans (2 %).

Serge GINGER [ginger@noos.fr
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