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Erick Dietrich

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Libre Arbitre
(Réflexion)
Par Erick Dietrich, Medecin , Sexologue, Paris, France.
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« L'extrême limite de la sagesse, voilà ce que le public baptise folie. » 
Jean Cocteau

Dans toute négociation, se trouve un piège ! Si vous acceptez de le voir, vous pourrez l’éviter, à trop le chercher, vous risquez de le créer !

La réussite d'une transaction ne peut être qu'une résultante, une conclusion du dialogue. Tout conflit est destiné à disparaître devant la nécessité d’un compromis. La négociation s’inscrit trop souvent dans l’illusion car elle est dépendante des pouvoirs en place. Négocier est devenu un terme très à la mode dans les couples : négocier les tâches, négocier un désir, négocier un loisir, négocier avec les enfants, négocier un régime, négocier un divorce (!) Ces accords nécessitent de nombreux compromis qui doivent tenir compte du libre arbitre de chacun des partenaires. Dans la pratique trop souvent, la tractation devient le but à atteindre. La finalité de cette dernière s’estompe au profit d’un autre objet, la manifestation de «la bonne intention ». Car c’est la bonne intention du gentil qui se montre à l’autre, aux enfants, aux parents, aux juges. Les tactiques les plus perverses sont alors rendues possibles, puisque la légitimité de l’intention n’a plus besoin d’avoir une commune mesure avec la réalisation des actes. Il suffit de jouer le jeu. La négociation devient un simulacre. La gestion des relations affectives suppose un marchandage continuel. Les enjeux de pouvoir instaurent des stratégies manipulatrices et de persuasions. Résoudre l’arbitraire et arriver à un accord équitable devrait se fonder sur le respect des valeurs morales, le respect de l’autre et la reconnaissance de la personne humaine en tant que telle. Ce n’est malheureusement que peu souvent le cas. Dans une négociation, celui qui gagne est bien celui qui fait accepter son propre arbitraire tout en démontrant à l’autre que la négociation est mise en place dans son intérêt. On l’utilise beaucoup pour neutraliser la violence. Ainsi, pour arriver à une solution profitable, le pervers crée un climat de violence irréductible, forçant son entourage à aller vers un arrangement qu’il n’a plus qu’à feindre d’accepter. Le refus est toujours malheureusement interprété comme un signe de rigidité et un manque d’intelligence. Pourtant, on peut décliner toute forme de négociation quand les concessions s’inscrivent dans le sacrifice ou le masochisme. La gestion de la vie quotidienne peut paraître horrible si le moindre échange fait l’objet de pourparler. Dans la vie conjugale, la transaction est effrayante dès qu’elle anéantit les passions. L’anarchie des désirs, bien qu’elle puisse provoquer la souffrance, demeure plus séduisante que la neutralité des compromis réalisés.

La négociation est un jeu et vous êtes obligés de faire semblant d’y croire. 

Libre-arbitre et Liberté

Pour vous aider à comprendre l'importance du choix et du libre-arbitre, essayons, à partir d'une analyse très succincte de certains courants philosophiques, de comprendre l’importance du fait que l'homme existe en tant que tel face à lui-même. L'homme doit se découvrir pour se comprendre, se poser à distance de lui-même et s'étudier. L'objectif de la phrase de Platon « connais-toi toi-même » est la connaissance. La même recherche se retrouve chez Descartes « la vérité est à découvrir et non à construire, le probable n’est jamais probable ». Friedrich Nietzsche écrit  « deviens ce que tu es, c’est-à-dire ce que tu n’es pas». Ces démarches nous enseignent que la vie est une démarche spirituelle qui s'inscrit loin de la pensée dogmatique et moralisante. Pour Baruch Spinoza : « Le réel est la substance conçue par Soi (…) l’être s’exprime par son agir (…) le désir est un effort de chacun pour préserver son être ». 

Ainsi, l'Être véritablement libre est celui qui existe par lui-même et pour lui-même, sans avoir besoin du "regard" de l'autre, il s'exprime par des "actes" et des "choix". 

AU XIXe siècle, certains phénoménologues, anciens élèves d’Husserl, orientent leur pensée vers l'ontologie (la connaissance de l’être) l’anthropologie étant plutôt tournée vers la connaissance de Soi. Pour Jean-Paul Sartre, l’homme est présence au monde, « l’Être qui est ce qu’il n’est pas et qui n’est pas ce qu’il est ». Ainsi la conscience étant conscience de quelque chose d’autre, elle n’est pas, mais elle existe. Arthur Schopenhauer en s’attaquant au désir comme «racine du mal » le reconnaît comme faisant partie de l’homme, «l’homme est un être de désir » (J. Baechler). 

L'homme est fondamentalement désir. Quand il en est conscient et se sent capable de les gérer, ce désir est un critère de bonne santé. 

Le concept du libre arbitre dépend des positions de l’homme face à la conformité et à la loi, ainsi que son opinion sur ses propres actes et choix. La liberté se définit par rapport aux limites que lui pose l'individu lui-même. L'homme dispose de la liberté qui lui permet de choisir et de maîtriser ses actes. Pour Leibniz, la liberté réside dans la capacité de se déterminer par des raisons, au lieu d'être déterminé par des causes. Faire et exercer des choix signifie : exprimer ses désirs et les mettre en acte dans les limites de sa volonté libre et de la connaissance de Soi. Pour Kant, cette volonté pose en elle-même, la loi à laquelle devrait obéir tout être raisonnable. 

La capacité de maîtriser la mise en acte de ses désirs permet d'appréhender la valeur de l'individu. 

Le libre-arbitre offre la possibilité pour chacun d'être responsable de ses choix et de ses actes. Il concerne l’acte par lequel la volonté se conforme à la loi ou se révolte contre celle-ci. Selon Kant, le délinquant, en tant que personne, dispose de la liberté qui lui permet de gérer son libre-arbitre. L'homme est libre de ses actes. Quand ceux-ci nuisent à autrui, il doit en répondre, selon la loi en vigueur. Car la liberté est un compromis entre la possibilité d’exercer ses choix et le respect d'autrui. 

Le choix, c'est la liberté pour l'homme de trouver un compromis qui permet de réaliser ses désirs égoïstement dans le respect du droit étatique et de son entourage. L'affirmation de Soi propose un compromis permettant à la personne d'exprimer librement sa personnalité, tout en continuant à être accepté dans le cadre social sans créer des réactions négatives dans son entourage. 

Une thérapie ne doit pas être la seule vérité ou la seule chance de guérison. Elle doit être utile et ne pas s’inscrire dans l’illusion. Elle vous permet de grandir et de devenir indépendant. Elle se caractérise par son pouvoir métaphorique, par la possibilité qu’elle offre à chacun de comprendre ce qui ne va pas en lui et de l’amener à trouver lui-même les solutions et les réponses à ses problèmes. Elle crée des expériences de plaisir là où il n’y avait que des situations déplaisantes ou traumatisantes. Ainsi, les thérapies ne sont pas là pour faire disparaître les blessures et les traumatismes psychologiques du passé ou du présent. Nous en avons tous, mais pour accéder à une certaine forme de bonheur et d’épanouissement, il nous faut les comprendre, les accepter et leur donner un sens.

« Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas. 
C'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles. »
Sénéque

 

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