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Quand le travail tue...
Le trio infernal bourreau - victime - sauveur…
Partie 1 - Partie 2 - Partie 3

Par Johanne Bussières
Thérapeute en relation d’aide psychologique et Coach de Vie

Quand le travail tue… (3e partie)
Le trio infernal bourreau-victime-sauveur…

Comment en sortir pour que le Moi profond émerge en toute liberté ?
Comment retrouver sa liberté d’être au travail comme ailleurs ?

Il me paraît essentiel d’abord de définir ce qu’est le triangle 
bourreau–victime-sauveur. Il s’agit d’un mécanisme de survie inconscient qui prend souvent racine dans l’enfance lorsqu’il y a eu maltraitance et négligence. Ce scénario émotionnel apparaît pour permettre à l’enfant de survivre à la souffrance. Grâce à cette stratégie, il peut faire face à l’insécurité, à la trahison, à l’abandon et au rejet. 

A l’âge adulte, ce mécanisme n’est plus approprié. Cependant, parce qu’il reste présent non pas dans le souvenir mais dans la mémoire affective, il est réactivé inconsciemment par des états intérieurs à travers des situations de pouvoir actives du triangle. Ces états intérieurs refont surface lorsque l’individu vit une peur viscérale du rejet, de l’abandon ou de la trahison qui le plonge inconsciemment dans les souffrances de l’enfance. 

Ce schéma répétitif fausse, entre autres, les rapports avec les figures d’autorité symboliques (gouvernement, police, magistrature) et réelles (professeur, formateur, employeur, supérieur hiérarchique). Il se caractérise par un profond sentiment d’impuissance, de colère qui entraîne des états dépressifs sévères, souvent accompagnés de violence et de pulsions morbides. Il fausse également la donne dans les rapports amoureux et toute relation affective importante car ces personnes développent des troubles anxieux et des troubles de l’attachement. Leurs difficultés relationnelles vont de la co-dépendance à la peur de l’engagement en passant par les « relations à tout prix » où l’individu est prêt à tout pour ne pas vivre à nouveau la souffrance d’abandon, de rejet ou de trahison. De plus, il a développé une seconde nature qui le met en état d’hyper vigilance car il croit vivre dans un monde plus hostile qu’il ne l’est en réalité.

Ce système relationnel n’est pas statique. En effet, pour obtenir ce qu’il veut, l’individu emprunte tour à tour le rôle de la victime, du sauveur ou du bourreau. Tant que ce système lui permet de contrôler son environnement, il n’en sort pas de lui-même. Mais, il y a un mais ; il n’y a pas de liberté dans ce système relationnel qui retient l’individu prisonnier d’un vécu souffrant dont il n’est même pas conscient. Il se construit, au fil du temps, une forteresse, un personnage qui, croit-il, le mettent à l’abri de la souffrance, du rejet, de l’abandon. Ce faisant, il tourne aussi le dos à la vie, au bonheur. 

Avant d’en prendre conscience, il « tourne en rond » pendant plusieurs années au cours desquelles il accumule les échecs relationnels et professionnels. Même s’il pressent un moi plus épanoui, plus heureux auquel il aspire, il n’y parvient jamais. La répétition des mêmes situations souffrantes au travail et dans l’intimité l’incite soit à s’isoler et à s’enfoncer davantage, soit à demander de l’aide car sa vie est devenue un véritable enfer. 

Pour en finir avec le trio infernal bourreau-victime-sauveur

Afin d’aider l’individu à transformer son impuissance et sa colère en actes créateurs vers l’incarnation de son MOI profond, je propose une éthique de vie qui s’applique à toutes les sphères de l’activité humaine. En d’autres mots, je vois l’intégrité comme la meilleure des protections contre toute forme de débordement. Être honnête et loyal avec soi-même et être capable de répondre de ses actes est l’engagement de toute une vie. C’est aussi chacun sa mission, qu’on le veuille ou non, qu’on l’accepte ou non, c’est la clé de voûte pour bâtir un monde plus humain, un monde meilleur.

Pour y arriver, j’invite l’individu à faire face à son passé. Nous entreprenons tous deux un travail réparateur par la relation d’aide psychologique. Grâce à cette démarche, il apprend à « recontacter » le vécu souffrant, à l’exprimer parfois depuis l’époque de son enfance. Peu à peu, il prend ou reprend sa juste place parmi les siens et aussi dans le monde du travail. Personnellement, je ne crois pas à l’efficacité des thérapies explosives sous forme de catharsis ou qui durent plusieurs années. 

Ce que j’appelle une « remise en ordre » est possible dans le cadre d’une démarche thérapeutique ciblée où le système dysfonctionnel avec ses mécanismes de défense, ses déclencheurs, ses besoins psychiques insatisfaits apparaissent dans toute leur clarté. Un éclairage nouveau redonne à chacun sa juste part de responsabilités en respect de soi et des autres, en sa capacité à établir des limites claires, à accepter et à respecter celles des autres. L’objectif premier de mon approche thérapeutique est d’aider l’individu à cheminer vers son identité véritable et à la création de son PROJET DE VIE. L’essence de mon approche thérapeutique s’appuie sur une plus grande connaissance de soi, laquelle apporte une sérénité, une paix intérieure qui aident l’individu à se libérer des entraves du passé. Il peut dorénavant récupérer du pouvoir sur sa vie. Il apprend à sentir, à voir, à nommer et à accepter son histoire personnelle, à s’approprier son héritage familial et non plus à en souffrir, à en avoir honte ou à s’en dissocier. 

Dès les premières séances, l’individu fait des prises de conscience importantes, vit des transformations essentielles et des expériences propulsantes. Sa vie lui procure plus de satisfaction ; il a plus d’énergie et il est plus audacieux. À la fin, il en sort grandi en dignité et en ayant restauré son identité fondamentale et son projet d’ÊTRE. C’est une sorte de rituel de purification où chaque séance lui fait découvrir les méandres et les sinuosités de sa personnalité, les secrets, les mystères et les trésors qui s’y cachent parfois. 

Cette lumière nouvelle lui fait voir des évènements qu’il trouvait tragiques comme des mécanismes alliés, salvateurs. Au lieu d’en vouloir au monde entier, il tourne volontiers le regard vers lui-même ; il se regarde et regarde l'autre avec plus d'indulgence, plus d’humanité. 

Il comprend mieux ses travers et leurs conséquences. Il se réconcilie, parfois avec lui-même. Un travail thérapeutique réparateur et puissant se fait jour chez lui. Il voit avec clarté et de manière objective ce qui s’est passé de sorte qu’il puisse assembler les pièces de son puzzle intérieur. 

À chaque fois qu’il m’est donné d’observer quelqu’un cheminer vers la récupération de son Moi profond j’en suis toujours émue, étonnée et enrichie. C’est pour moi une expérience de l’ordre du sacré. C’est un grand moment de grâce que de voir la vie circuler à nouveau fluide et libre ! 

Mais le cadre et l’essence de mon approche y sont pour quelque chose. J’exerce ma pratique dans un bel endroit, chargé de bonnes vibrations où j’y fais régner avec douceur et fermeté une atmosphère de confiance qui suppose le respect de certaines règles… justement un cadre rassurant. J’aide avec compassion l’individu à déverrouiller les portes de son affect, à affronter ses démons intérieurs et à vider ses fantômes. Je le guide avec savoir-faire, sincérité et enthousiasme ! 

Être le spectateur extérieur de la constellation de sa propre problématique permet une compréhension et un travail de réparation qui incitent l’individu à poser des actes différents, à explorer d’autres modes d’êtres. Il a une meilleure connaissance de lui-même et une nouvelle préhension du réel. 

En général, on voudrait croire qu’un jour viendra où nous pourrons enfin vivre HEUREUX, sans tous ces ennuis, ces «tuiles» qui nous tombent dessus et nous empêchent d’être heureux. … Au point qu’un jour, pour ne plus souffrir, on démissionne, on divorce, on se « victimise » ou on devient « bourreau ». Alors, en désespoir de cause, on s’en prend qui à ses proches, qui à ses collègues, à son employeur ou à son employé. Quelqu’un doit payer, pas vrai ? Et les années passent… Abandonner ses envies, ses rêves a un prix : renoncer à son pouvoir. Préférer couper les ponts avec un ami, un collaborateur, un associé, c’est larguer les amarres mais vers un vide encore plus vertigineux. Le chemin de la solitude est cruel. On ne règle rien en se fermant, en se durcissant ; on perd en sensibilité et en humanité.

Vous l’avez certainement expérimenté, ce que l’on fuit nous suit et nous pousse parfois dans nos derniers retranchements. Il s’avère plus porteur de «Transformer sa Vie», de demeurer mobilisé et à l’affût du voyage extraordinaire à travers tout ce qui, dans notre vie, nous fait démissionner, divorcer ou abandonner nos rêves ; tout ce qui nous fait poser en victime ou nous durcir impitoyablement. Mais avant, il est nécessaire d’en finir, une fois pour toutes, avec un rêve irréalisable : l’illusion de croire qu’une vie sans ennuis, sans naufrages, sans catastrophes serait le comble du bonheur. 

Pour ma part, j’ai cru assez tard dans ma vie que l’essence même du bonheur était l’absence de malheur. Que de temps perdu et d’espoirs déçus !

«Oser créer sa Vie» pour sentir à quel point toutes ces crises, ces catastrophes sont là pour nous éviter le pire, à savoir rester toute sa vie à la surface des choses, sans jamais risquer de vivre pleinement, s’amener, vibrer de tout son être. Plutôt que de fuir, de «fermer les volets» et d’attendre que ça se passe, pourquoi ne pas «Oser Être» et goûter la joie d’affronter la Vie ! 

Voilà la clé qui délivre des liens bourreau-victime-sauveur !

Johanne Bussières, Thérapeute en relation d’aide psychologique et Coach de Vie.

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