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Éveil et formation de l'esprit

Par Michèle-Rose Wainhouse, Psychopédagogue, Écrivain, 
Site Web: http://michelerosewainhouse.com/  

A propos de l'auteur

Michèle-Rose Wainhouse a enseigné Un Cours sur les Miracles pendant plus de vingt-cinq ans, en France, en Suisse et au Québec avant qu’il ne soit publié en français. Depuis 2007, elle se consacre à l’écriture pour partager l’expérience qu’elle a acquise dans ses séminaires sur les principes et applications du Cours. Tous ses livres sont publiés en format numériques sur son site et sont accessibles par téléchargement.
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Éveil et formation de l'esprit

En tant qu’enseignement théorique et pratique, l’enseignement psycho-symbolique et spirituel de Un Cours sur les Miracle s’adresse à l’esprit divisé, nommé ego, auquel chacun s’identifie. Ce qui ne veut pas dire que chacun est prêt à entendre son message. Lire que l’ego n’est rien qu’une fabrication de l’esprit, une hallucination sans réalité aucune, un fantasme, une illusion, peut sembler acceptable pour la plupart, mais apprendre que le corps physique est le symbole de l’ego et représente son désir de séparation et qu’en tant que tel il n’a aucune réalité, tout comme le monde dans lequel il semble évoluer, est plus difficilement recevable. Helen Schucman, qui écrivit le Cours sous dictée intérieure, disait que c’était un enseignement pour intellectuels car c’est ce qu’elle pensait d’elle-même, et elle ajoutait qu’ils avaient droit eux aussi à une voie spirituelle adaptée. Il est vrai que la réflexion, l’observation des pensées, l’introspection, l’attention consciente sont fortement suscitées et que le travail pratique demandé est uniquement intérieur. D’ailleurs, le lecteur est prévenu dès la fin du premier chapitre : « Ce cours est un cours en formation de l’esprit ».

Cependant, si l’élève (appelons-le ainsi provisoirement) qui désire suivre cet enseignement n’a pas déjà reconnu en lui-même une forte attirance à la spiritualité (disons une intuition profonde que son être est essentiellement autre que matière mortelle) qui l’a conduit à chercher hors des sentiers battus des réponses à ses questionnements, il vaut mieux qu’il referme le livre ; ce qu’il fera naturellement d’ailleurs. Bien que n’étant pas religieux, les textes de ce Cours sont empreints de connotations chrétiennes qui sont reconnaissables et même sécurisantes pour beaucoup. Mais curieusement, à la lecture, il devient rapidement évident qu’il n’est pas donné aux mots utilisés, chrétiens ou autres, la même signification que celle à laquelle l’élève était habitué ; en fait, il découvre que les mots ont un sens symbolique et qu’ils ne représentent donc rien de réel. De surcroit, il apprend que son esprit dort et rêve un rêve de séparation et de peur dans lequel le rêveur s’est identifié à une image, un corps séparé et autonome qu’il nomme « moi » et dont l’intention secrète est d’usurper la place de Dieu. Il apprend aussi que son esprit divisé, qui se prend pour un corps, se croit foncièrement coupable car il estime avoir réussi son plan d’usurpation. Or ce péché, auquel il croit secrètement, le condamne à l’enfer ; son inconscient en est convaincu, mais c’est consciemment qu’il juge et condamne les « autres », les usurpateurs tyranniques qu’il perçoit dans le monde, eux dont c’est la faute. C’est pour éviter de porter la responsabilité de cette croyance que l’esprit la projette hors de lui : ainsi devient-elle l’apparente cause d’effets, autonomes et séparés de ce qu’il pense et qu’il perçoit maintenant sur l’écran du monde. Les « autres » ne sont eux aussi que ses projections, des personnages auxquels il fait jouer les différents rôles d’une tragi-comédie qu’il pense être son monde, sa vie. Il en sélectionne certains dont il fait ses alliés et d’autres qui sont ennemis, ainsi peut-il justifier ses jugements et ses attaques, car son esprit est en conflit. Son cuisant ressenti de culpabilité, dont il ne peut se débarrasser, l’attire à former des relations particulières dont il se sert pour se venger ou se punir lui-même en se sacrifiant et en souffrant : il croit devoir payer pour son péché, mais il ne fait que marchander son salut. Sa dépendance à ses émotions lui procure suffisamment d’eau pour faire tourner le moulin de ses fantasmes, car plus il souffre plus les événements de « sa vie » lui semblent réels et vrais.

Parallèlement, s’il poursuit sa lecture du texte théorique, l’élève comprend que si son intuition spirituelle n’était pas fausse, elle était incomplète. En fait, il apprend que rien de réel n’est arrivé, car seul l’esprit est réel et que son être n’a jamais quitté sa Source spirituelle et immatérielle ; que l’Esprit, dont le sien fait parti, est le Fils de Dieu, innocent et immortel, aimé de son Père ; que l’Esprit est l’Effet de Sa Cause ; que la Cause et l’Effet ne pouvant être séparés, son esprit repose en Dieu comme l’est l’esprit de chacun de ceux qu’il perçoit hors de lui, ses frères en vérité. Comme il n’est rien arrivé de réel, il n’a pas usurpé la fonction Divine ; il n’y a donc pas de péché, seulement des erreurs qu’il peut rectifier avec l’aide de l’Esprit Saint, symbole de la partie de son esprit qui n’a jamais quitté sa Source. Car il aura aussi découvert que les mots Source, Esprit, Tout, Un, Soi, Être, Dieu, Père, Paternité sont des synonymes et représentent le Un, c’est-à-dire la Cause unie à son Effet dont la fonction est d’étendre l’Amour ; alors que la dualité et ses effets ne peuvent être cause de rien, sinon d’une illusion qui ne peut être que rêvée. 

Dès que l’élève consent à mettre en pratique les Leçons (il y en a 365, une pour chaque jour de l’année), il commence à faire l’expérience des effets de sa pensée changée, d’une autre façon de voir et de comprendre et il s’aperçoit qu’il est de plus en plus capable d’accueillir la paix dans son esprit. Et ce simple fait l’aide à progresser. (1)

A le décrire ainsi ce processus d’apprentissage peut paraître aisé, mais il ne l’est pas, car c’est sans compter avec la résistance de l’étudiant. La résistance s’appuie principalement sur le système de croyances de l’élève, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, particulier à chacun. Ses croyances sont archétypales et fondent l’entier système de penser de l’ego, qu’il partage avec chacun des personnages de son rêve, un substrat nécessaire à la fonction du rêve, ce simulacre de la vie.

« Plus tu en apprendras sur l'ego, plus tu te rendras compte qu'il est impossible d'y croire. L'incroyable ne peut être compris justement parce que c'est incroyable. L’absence de signification d'une perception fondée sur l'incroyable est évidente, mais il est possible qu’elle ne soit pas reconnue comme étant incroyable parce qu'elle est fabriquée par la croyance. » (2)

Les croyances ont pour fonction de remplacer la connaissance naturelle de l’Esprit-Un, que le fragment d’esprit, en désirant se séparer (l’ego), a perdue. Les croyances fabriquent littéralement les éléments du rêve, et comme elles sont les mêmes pour chacun, le rêve semble avoir une homogénéité qui lui confère une légitimité : témoigner d’événements communs à tous rendent ces choses vraies aux yeux qui les perçoivent. L’identification à ce qui est cru devient donc l’obstacle majeur à l’apprentissage de ce Cours, dont le but, il faut le souligner, est d’atteindre la paix de l’esprit ; ce n’est toutefois pas n’importe quelle paix, c’est de « la paix de Dieu » dont il est question. Et lorsque l’esprit atteint cet état, il est dit que « Dieu fera le dernier pas ». 

Mais sans doute est-cela même qui est redouté. Renoncer à percevoir un monde illusoire parce qu’il est fondé sur de fausses prémisses ne semble pas faire le poids contre les bénéfices que l’élève croit encore pouvoir obtenir dans son monde égotique qu’il aime parce qu’il s’en croit l’auteur ; malgré sa souffrance, son identification corporelle semble plus forte que son identification spirituelle. Pourtant, il se trompe s’il croit que l’une doit se faire au dépend de l’autre, car il ne lui est pas demandé de renoncer à son corps, mais seulement de ne pas lui attribuer une valeur qu’il n’a pas, et de porter plutôt son attention consciente sur son esprit afin de ne plus céder aux distractions que lui propose son ego. 

« Les distractions de l'ego peuvent apparemment faire obstacle à ton apprentissage, mais l'ego n'a aucun pouvoir de te distraire à moins que tu lui donnes ce pouvoir. La voix de l'ego est une hallucination. Ne t'attends pas à ce qu'il dise : « Je ne suis pas réel ». Cependant, il ne t'est pas demandé de chasser tes hallucinations tout seul. Il t'est simplement demandé de les évaluer en fonction des conséquences qu'elles ont pour toi. Si tu ne les désires plus parce qu'elles te font perdre ta paix, elles seront éliminées de ton esprit pour toi. » (3)

Le rêve de conflit et de peur dépend de l’esprit de celui qui rêve puisque le monde qu’il perçoit est une projection symbolique de ce qu’il croit. L’élève peut toutefois changer ce qu’il croit et pense dès qu’il accepte de renoncer à en être l’auteur, mais il ne fait aucun doute qu’il rêvera un cauchemar s’il cherche à en faire porter la responsabilité aux autres. Mais il peut décider de rêver un autre rêve, un « rêve heureux » dans lequel les effets de son nouvel apprentissage seront manifestés dans la paix, l’union et l’amour.

« Le salut est un paradoxe en effet ! Que pourrait-il être sinon un rêve heureux ? Il demande seulement de ne pas voir ce qui n'est pas là, de ne pas considérer l'irréel comme étant la réalité, et que tu pardonnes toutes les choses que personne n'a jamais faites. Il t'est demandé seulement de permettre que ta volonté soit faite et de ne plus rechercher les choses que tu ne désires pas. Il t'est aussi demandé de te laisser libérer de tous les rêves de ce que tu ne fus jamais, et que tu ne cherches plus à substituer la force de souhaits inutiles à la Volonté de Dieu. » (4)

Ainsi, s’éveiller du rêve ne serait donc qu’une métaphore pour signifier que le désapprentissage du système de penser de l’ego est achevé, le détachement du passé accompli, qu’un pardon complet a mit fin à toutes les relations particulières en les transformant en relations saintes, que la purification des pensées a été menée à bien et que le souvenir de Dieu est revenu à l’esprit de celui pour qui l’Unique Désir d’union a déroulé le tapis du rêve heureux. Et il ne lui reste plus qu’à attendre dans la paix que Dieu fasse le dernier pas.

Par Michèle-Rose Wainhouse
Psychopédagogue, Écrivain, 
Site Web: http://michelerosewainhouse.com/ 
 

Note: 
1. Voir mon livre Le retour à l’intemporel – Prolégomènes à l’enseignement rédempteur de A Course in Miracles.
2. Un Cours sur les Miracles, T. 7-VIII, 6. Traduction Michèle-Rose Wainhouse
3. Ibid., T. 8-I, 1

4. Ibid., T. 30-IV, 7

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