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. Corps et écriture dans la clinique Présentation de la revue Psychologique clinique Par
Olivier Douville, Psychanalyste, Maître de conférence, Paris, France. |
Quant à la question du style, si importante, elle est abordée de façon novatrice par E. Glissant parlant des détours, des ruses, et des hybridations des modes de création et de subjectivation dans des mondes créoles. Au-delà de la question du texte, c’est bien la dimension de l’écrit qui interroge la clinique. Certes, la clinique est d’emblée une clinique du discours. Elle engage la parole. Ce faisant, elle recueille les effets de ce qui résiste à toute parole et qui trouve refuge dans l’écriture. Lacan le notait ainsi, l’écriture étant du côté de l’os, le langage venant lui à se faire chair. C’est bien alors le triptyque : voix/ trace/ corps qui importe et que nous avons choisi ‘explorer et d’illustrer. Ce numéro de Psychologie Clinique se pose ainsi en écho à deux précédents volumes, l’un qui visitait les liens entre « Corps, affect, et émotion » (vol. 10), l’autre qui explorait les modes de présence de « La voix dans la rencontre clinique » (vol. 19). La clinique témoigne, à travers un réel, des effets de nouage entre corps et lettre. L’écriture attend sa phonétisation. La lettre toujours identique à elle-même exige le signifiant pour être lue. Le détour entrepris ici par l’altérité de la Chine et son écriture calligraphique, nous fait-il rencontrer d’autres lignes de partage entre le geste et le trait, entre l’équivocité et l’allusif, entre le dit et le non-dit que celles qui jouent en Occident ? Ce numéro fera part à des moments particuliers des rapports de la structure subjective à l’écrit, illustrés par les cas du transsexualisme ou de la mélancolie délirante, et se préciseront de façon plus large encore par la théorie psychanalytique du symptôme. Comme il se doit, nous avons aussi demandé à un praticien de réfléchir sur les contraintes de l’écriture du cas. Que la clinique soit lecture est ce que les responsables de ce numéro ont tenté d’illustrer. Des textes témoigneront à leur tour des rigueurs et des bénéfices d’une lecture clinique de l’œuvre littéraire (que ce soit celle de Kafka, celle de Duras, de Pérec ou encore les écrits des mystiques), voire de l’œuvre plastique. Une telle position implique bien qu’il n’y a de clinique que parce qu’il y a des cliniciens qui peuvent accueillir et penser ce nouage entre le corps, le signifiant et la lettre. L’engagement dans la clinique exige aussi de ne pas faire fi des cultures psychanalytiques telles qu’elles valent ici comme un des supports de l’élaboration critique des auteurs de ce numéro. PSYCHOLOGIE CLINIQUE, numéro 25 LE CORPS EN CREATION Psychologie
Clinique, sous la direction d'Olivier Douville et de Christian |
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