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Principes de base de la thérapie familiale stratégique

English Version: 
Stategic family therapy : Defining principles
 

Roselyne-Kattar
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Principes de base de la thérapie familiale stratégique :


La thérapie familiale stratégique se concentre sur l'interaction comportementale actuelle, observable et utilise l'intervention délibérée pour modifier le système en cours. La thérapie familiale ne consiste pas forcément à avoir toutes les personnes présentes dans le bureau du thérapeute, mais à aborder le problème d'un point de vue interactionnel. Pour être efficace, une telle intervention intègre généralement un recadrage de manière à changer le sens de la situation pour les personnes concernées. 
La thérapie familiale stratégique est brève, sa durée est d'environ dix séances sur une durée de trois mois.

Voici quelques principes de base :

1. La réalité est construite: il n'y a pas de vérité
La réalité est un concept social, évolutif. Nous sommes tous dans une position différente, donc, nous avons notre propre perception de la réalité. Nous regardons les choses à notre manière. Notre cadre de référence nous sert de filtre. Nous avons la conviction intérieure que nous pensons la même chose mais il n'y a rien de tel que la réalité. Le thérapeute a sa compréhension de la nature du problème et son point de vue détermine la manière dont il organise la thérapie, les personnes qu’il implique et la nature de son intervention.

2. Le problème n'est pas individuel: il est interactionnel, inscrit dans le système.
Le client est l'ensemble des personnes impliquées dans le problème. Tout comportement est considéré comme structuré et maintenu par les interactions entre les personnes, en particulier, dans le système familial, mais aussi dans d'autres systèmes tels que l'école ou les organisations. Les problèmes sont le résultat de difficultés quotidiennes dans l'adaptation à un changement de vie ou à une transition, mal géré par les parties concernées. 
La question est: quel comportement, dans le système, contribue au maintien du problème?

3. La tentative de solution est le problème: le changement doit être de 2ème ordre
La tentative de solution maintient le problème et ne fait que l'aggraver. C'est un cercle vicieux. Le changement doit être de second ordre pour briser le pattern (modèle ou séquence). 
Nous allons extraire de notre passé quelque chose qui a fonctionné auparavant. L’essentiel est d'abandonner le fonctionnement ancien. Le virage à 180° ne consiste pas à faire le contraire, mais à effectuer un changement significatif dans une autre direction. Les personnes ayant de sérieux problèmes ont du mal à générer un nouveau mode d’adaptation.

4. Le thérapeute entre dans l’univers du client :
Grâce à une observation attentive du comportement verbal et non verbal, le thérapeute essaie de comprendre le langage du client, son mode de perception, ses croyances, ses valeurs, afin d’y trouver une source de motivation au changement acceptable par lui.
Pour cela, il utilise le système de croyance et le contexte social du client pour invalider le mode de fonctionnement perturbant

5. Le thérapeute donne un nouvel éclairage de la situation en recadrant:
Il donne au problème un sens qui permettra au client d'accepter le changement. Pour cela, il utilise le système de croyance et le contexte social du client pour invalider le mode de fonctionnement perturbant.
Par exemple, il dit au client que son anxiété a une fonction importante. C'est le signal que quelque chose va mal. C'est un signal de protection. Que faire pour répondre au signal? Au lieu de vouloir le supprimer, comment l'utiliser et le réduire pour qu’il devienne supportable ?

6. Le thérapeute établit un contrat avec le client
Le thérapeute aide le client à définir clairement un objectif minimal à la thérapie, en termes de comportement observable. Quel nouveau comportement serait satisfaisant pour lui? Qu’est – ce qui lui permettrait de dire que l’objectif est atteint ? 

7. Le thérapeute élabore une stratégie:
Qu’est-ce qu’il a déjà essayé? Qu’est-ce qui a marché ? Qu’est qui a échoué ?
Il offre des alternatives. Il propose une solution qui est un virage à 180 °.
Le thérapeute utilise les outils de l'hypnose:
- La dissociation qui permet d’interrompre le processus en s’en éloignant.
- La confusion qui aide le client à percevoir autre chose de plus évident.
- Les suggestions indirectes qui facilitent l’installation de nouveaux comportements.
- Les métaphores et les anecdotes qui permettent de percevoir le sens de la situation.

8. Le thérapeute utilise le paradoxe
Le thérapeute prescrit le symptôme. 
Faire plus de la même chose: c’est le niveau basique du paradoxe. Lorsque vous dites aux gens de faire ce qu'ils font, en général, ils ne peuvent plus le faire. Toutefois, le paradoxe n'est utilisé qu’avec des clients qui résistent, quand le reste n'a pas fonctionné. 
Exemple: Demander au client de programmer son anxiété. Quand pouvez-vous être anxieux, tout en étant en sécurité? Si vous pouvez provoquer l’anxiété, vous pouvez aussi vous en débarrasser. Pour limiter le risque, se donner des garde-fous: comment sentez-vous que l'anxiété est trop forte? Comment pouvez-vous l’arrêter quand elle est trop intense? De cette manière, le thérapeute permet à son client d’activer un sentiment de contrôle.

9. Le thérapeute prescrit un travail à faire pendant les séances
Faire un travail pendant les séances étend la thérapie à la semaine. Le travail prescrit permet au client de vivre un petit changement. Ce changement perturbe l'homéostasie du système et permet d'expérimenter de nouveaux comportements. De plus, de cette façon, le client collabore avec le thérapeute à la réussite de la thérapie.

10. Le thérapeute semble inquiet des progrès rapides
Devant des progrès rapides dès les premières séances, le thérapeute dit: c’est trop. Aucune pression n’est exercée pour poursuivre dans cette direction, bien au contraire. Le thérapeute dit : vous avez besoin de ralentir et de faire de petits changements. 
Le fait de le retenir au lieu de l’encourager aide le client à s’approprier la démarche et à se sentir maître de ses décisions. 

La thérapie familiale stratégique diffère ainsi par son esprit et son mode opératoire de thérapies plus classiques qui sont individuelles, s’attachent à chercher l’origine des troubles dans le passé et attendent le changement de la prise de conscience des causes du comportement. Le thérapeute sort de son rôle passif et neutre qui se limite à interpréter le discours du client pour être un acteur partenaire et responsable du changement. Ce en quoi elle se rapproche de l’approche gestaltiste et de l’hypnose et s’éloigne de la psychanalyse.

 


ENGLISH VERSION

Stategic family therapy : Defining principles

Strategic therapy focuses on present observable behavioral interaction and uses deliberate intervention to change the ongoing system. Family therapy doesn’t consist in having everyone present in the therapist’s office but in working from an interactional point of view. Effective intervention usually requires reframing. Strategic family therapy is brief ; its duration is about 3 months and ten sessions. 

1. Reality is constructed: there is no truth
Reality is a social concept, fluid, not fix. We are all in a different chair, so we have our own perspectives of reality. We perceive things differently (filters). We have inner belief that we believe the same thing but there is nothing such as a reality.
The therapist has a view of what the problem is and his view determines how he organizes the therapy, who is involved and what intervention he will be doing. 

2. The problem is not individual: it is interactional, in the system
All behavior is viewed as being structured and maintained by interactions between people, especially in the family system but also in other systems such as school or organisations. Problems are outcome of everyday difficulties in adaptation to a life change or transition, mishandled by the parties involved. The question is: what behavior in the system is maintaining the problem?
The unit (the client) is all people involved in the problem.

3. The attempted solution is the problem: 2nd order change
The attempted solution maintains the problem and makes the problem worse. It’s a vicious cycle. Change must be of the second order to break the pattern.
We draw from our past something that worked before. People with difficult problems have a hard time in finding a new coping. What’s important is to give up the old coping : 180° turn is not the opposite but a significant shift in another direction.

4. The therapist enters the client’s world
Through attentive observation of verbal and non verbal behavior, the therapist tries to understand the client’s language, perception, beliefs, values in order to find motivation for change.

5. The therapist changes the meaning by reframing
He reframes the problem situation so that the values and motives of the client will allow him to accept the change. He uses the belief system and the social context of the client to disrupt his pattern.
changes the perception by reframing. Anxiety is an important function. It is your body’s signal that something is wrong. It’s a protective signal. What do you need to do to answer the signal? Learn how to use it and to lower it.

6. The therapist builds a contract with the client
The therapist asks the client to define clearly a minimum goal for the therapy in terms of observable behavior. What new behavior would be satisfactory to him?

7. The therapist elaborates a strategy
What has been tried : work or did not work? He proposes a 180° turn solution . 
He uses hypnosis tools:
Confuses the process by dissociation
Amplifies the confusion
Makes Indirect suggestions
Offers alternatives
Proposes metaphores, anecdotes

8. The therapist uses paradox 
The therapist prescribes the symptom. Do more the same: low level primitive type of paradox. When you tell people to do what they are doing, they cannot do it any more. Still, paradox is not used systematically, but with oppositional clients when other things didn’t work.
Example: Schedule your anxiety. When can you be anxious and still be safe? If you can bring it on, you can get rid of it. To limit the risk, build safeguards: how do you sense that anxiety is too much? How do you stop it when it’s too much? Activate a sense of control.

9. The therapist gives homework
It extends the therapy to the week and makes the client collaborate with the therapist. 
It helps him experiment a small change and allows him to build his strength step by step.
The change disrupts the homeostasis of the system and allows to experiment new behaviors.

10. The therapist seems concerned about the progress 
The therapist: it is too much. You need to slow down and have real small change. Restraining progress allows client to feel in control, no pressure. Then, he is more likely to do it himself.

Strategic family therapy differs as well in its spirit and procedure of more traditional therapies that are individual, strive to seek the origin of the troubles in the past and expect the change from the insight of the causes of the behavior. The therapist abandons his passive and neutral attitude, limited to interpreting the Speech of his client, to become an actor and partner responsible for the change. Doing so, the therapist gets close to the Gestalt approach and hypnosis and away from psychoanalysis.

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Roselyne Kattar 
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