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Le trou de beigne du bonheur

Louise Pelletier, Retraitée, Psychothérapeute, Hypnothérapeute
Montréal, Québec, Canada

Le trou de beigne du bonheur

Cet été 2010, à Montréal, nous avons eu la chance d’assister à la comédie musicale « la mélodie du bonheur ».  Un lapsus souvent utilisé pour en parler était « la maladie du bonheur ». 
Quand même particulier, l’impact de deux petites voyelles dans une vie !… 

L’auteur, Abraham Maslow, nous entretient dans son livre, « Vers une psychologie de l’être », des besoins fondamentaux de tout être humain.  Sans vouloir être réductionniste, je vais tenter de vulgariser sa théorie. 

Imaginons que se loge au niveau du plexus, soit au creux de l’estomac, comme un trou de beigne. A la naissance, nos besoins s’expriment d’abord en termes physiologiques : j’ai faim, soif, chaud, froid, et ainsi de suite. Dans notre évolution et développement, apparaissent aussi les besoins de sécurité, d’amour, le sentiment d’appartenance, de créativité, selon une pyramide bien connue des psychothérapeutes. 

Sans entrer dans le détail théorique, disons qu’il est impossible que tous nos besoins soient comblés dans l’immédiat, malgré l’hypothèse que l’enfant que nous étions, aie eu des parents « parfaits ». 

Voici un exemple pour illustrer cette vérité : l’enfant de trois ou quatre ans joue dehors, bien avisé de ne jamais traverser la rue seul. Il oublie la consigne étant attiré par la vue d’un chaton de l’autre côté. On entend les pneus d’une auto freiner brusquement, il a failli se faire frapper. Le père sort en courant, l’attrape par un bras, lui disant d’une voix forte et angoissée: « qu’est-ce que je t’avais dit, va dans ta chambre ». 

Rien dans ce comportement parental, ne nous laisse croire que le papa est un mauvais père. Nous comprenons bien sûr sa réaction spontanée. Par contre, si on se tourne du côté de l’enfant, on comprend aussi qu’il a eu très peur de se faire frapper et que son besoin était de se faire rassurer et non de se faire chicaner. 

Le parent ira sans doute le consoler lorsque lui-même sera remis de ses émotions. Mais, le besoin de l’enfant, d’être rassuré au moment même où il se manifeste, n’a pas été comblé et ne le sera jamais. 
Que fait alors l’enfant dans sa chambre ? Plusieurs options sont possibles : il pleure pour combler ce manque, il se couche et s’endort, il est en colère et frappe dans son oreiller, il se ronge les ongles, il mange des biscuits etc...  Devenu adulte, quels mécanismes adoptera-t-il pour faire face aux situations insécurisantes ? Utilisera-t-il un mécanisme de défense ou un mécanisme d’adaptation ? 

Évidemment l’exemple est amplifié « démesurément » pour illustrer ceci : devenu adulte, nos manques ou besoins fondamentaux, non comblés dans l’enfance, devront faire l’objet d’un grand nettoyage, parce que dans notre trou de beigne, on y aura placé, pour compenser, des tas de choses devenues inutiles aujourd’hui. 

A titre d’exemple, pensons aux compulsions de toutes sortes : alimentaires, drogues, alcool, médicaments, travail, sport, sexualité etc … Ces comportements ont pu être adoptés pour une question de survie émotive, mais, aujourd’hui, la situation n’est plus la même. D’où l’importance de faire ce grand nettoyage du trou de beigne qu’on souhaite clair, limpide, propre, sans aspérité. 

Ce qui suppose un deuil à vivre. Oui, deuil des besoins qui n’ont pas été comblés et ne le seront jamais. Ce qui ne veut pas dire impossibilité d’être heureux, impossibilité d’aimer, impossibilité d’être aimé, non. Cela signifie plutôt qu’il y a de l’espace pour aimer et être aimé en toute liberté et connaissance de cause. Apprendre à filtrer ce que je laisse entrer dans mon univers. 

Cesser d’attendre que les autres, (parents, amis, patrons, collègues), répondent à mes besoins, voilà un travail à plein temps. 

Si vous chaussez du 8 et qu’on vous propose des souliers de pointure 6, vous seul pouvez déterminer ce qui vous convient. Cette image nous dit qu’une même approche ne peut être efficace pour tous et chacun. Je vous souhaite de trouver la vôtre. 

Pour y arrive,r cela demandera du lâcher prise, parfois un accompagnement thérapeutique, afin de retrouver en soi, ce bonheur et bien-être auquel tous nous avons droit. 

Vous aussi pouvez vivre votre mélodie du bonheur. 

Louise Pelletier
Psychothérapeute, Hypnothérapeute
Montréal, Québec, Canada

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