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La psychanalyse  Reichienne
Par François Serre, Psychothérapeute 
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La psychanalyse  Reichienne
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Proche de FREUD, W. REICH fut aussi honnit par le maître pour avoir innové radicalement dans la psychanalyse de l'époque. Il opta pour une position active dans la cure analytique et devint le père des thérapies psycho-corporelles en faisant passer le statut du corps au premier plan. 

Pour REICH, l'unité corps-esprit ne fait aucun doute et on ne peut même pas parler de médiation corporelle, ce qui serait considérer le corps comme une passerelle, un moyen, un objet pour atteindre l'esprit, alors que si l'on considère le corps, on considère déjà le sujet à part entière dans son versant matériel. Autrement dit, parler de corps et d'esprit, c'est déjà scinder en deux une réalité qui ne l'est pas. On ne peut séparer la face d'une médaille de son revers. 

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L'unité maintenant rétablie, qu'est-ce qui anime l'ensemble ? De l'énergie, c'est évident ! L'énergie vitale, oui mais encore ? REICH va reprendre la notion d'énergie initiée par FREUD (la libido), mais, alors que ce dernier la rend de plus en plus abstraite, lui, la considère de plus en plus réelle, concrète, réalité qu'il essayera sur la fin de sa vie surtout, de prouver. Mais avant cela, il va mettre au point dans les années 1930, une technique de travail sur le corps, qu il appelle végéto-thérapie, car elle sollicite le système nerveux végétatif. Une version assouplie de la neuro-végéto-thérapie prendra le nom d'analyse reichienne dans les années 1980 (G.Guasch.)

(La neuro-végéto-thérapie a été systématisée par le psychiatre italien Federico Navarro récemment disparu et il existe toujours des praticiens de la méthode, quoique peu nombreux en France)

Si le corps-conscience est animé par de l'énergie, celle-ci doit aussi circuler. Si la circulation s'interrompt et que la stase s'installe, les ennuis commencent… Mais pourquoi ?
Nous réagissons tous aux variations de notre environnement par des mises sous tension de nos tissus musculaires, conjonctifs, organiques, etc. ... (les ostéopathes le savent très bien d'où leur extraordinaire efficacité) Quand j'ai peur, je peux serrer les fesses, avoir le souffle coupé (bloquer le diaphragme), rentré la tête dans les épaules (bloquer les épaules), arrondir les yeux de terreur... etc. Si tout s'arrange, nous relâchons ensuite les tensions. Cela s'effectue grâce à une mobilisation énergétique, c'est-à-dire que la tension tissulaire augmente, alors la charge énergétique augmente aussi jusqu'a un point critique, ensuite la charge énergétique diminue et la détente se réinstalle. 

Oui mais si l'agression (le trauma) est trop forte, en fait dépasse les capacités d'adaptation, où est répétitif, (tous les jours quoique je fasse, on me dit que je suis nul et je bloque mon diaphragme pour ne pas pleurer), la mobilisation musculaire devient chronique, la tension permanente et même quand des années plus tard tout danger à disparu, la contraction est toujours là, inscrite dans le système végétatif avec les émotions associées qui ont été figées, car trop douloureuses et les souvenirs, ( du moins tels qu'ils ont été engrammés à l'époque, car au stade fœtal ou dans la période pré-verbale, les souvenirs sont seulement des sensations et des émotions qu'il sera bien difficile de décrire avec des mots, quand ils seront contactés par l'adulte)

Alors que faire ? Si aujourd'hui, nous sollicitons nos muscles volontaires par des mobilisations spécifiques (acting), nous pouvons espérer obtenir une certaine décharge énergétique qui s'accompagne de souvenirs et d'émotions. La répétition des acting amènera jusqu'à la libération complète de la zone, à condition que les matériaux libérés soient conscientisés. On retrouve la psychanalyse verbale. 

REICH a identifié une organisation particulière du corps destinée à remplir des fonctions psychologiques. C'est ce qu'il a baptisé la cuirasse, qui est à la fois musculaire (tissulaire en fait) et caractérielle (le caractère se structure pour protéger l'organisation, l'équilibre, même critique, du sujet) Au niveau du corps, il y a sept anneaux des yeux jusqu'au bassin (premier et dernier) qui peuvent faire l'objet de constrictions diverses, lesquelles peuvent induirent à leur tour des maux chroniques très variés. À ce point la psychothérapie rejoint le champ de la psychosomatique surtout pour une partie des maladies ou affections chroniques. 

En tout cas, plus couramment, le nœud à l'estomac, la boule dans la gorge, les dents serrées (serrer les dents), l'oppression sur la poitrine, la diarrhée de peur, un certain nombre de "mal de tête", la frilosité, les pieds froids (ou les mains), la moiteur des mains... etc. sont là pour illustrer une tension locale à pendants psychologiques. 

L'analyse permettra de déplacer petit à petit les équilibres allant dans le sens d'une libération progressive de l'énergie en stase de manière à ce qu'elle soit intégrée (n'oublions pas que l'énergie, c'est aussi de la conscience) au fur et à mesure. Des yeux au cou, au diaphragme et enfin au bassin, nous pourrons retrouver le fonctionnalisme fondamental de notre corps, enrichissant du coup notre manière de penser (une pensée enracinée dans la matière et non pas "angélique") Le principe étant de faire fondre la cuirasse pas de la briser, elle a une histoire et elle a eu une bonne raison d'être, seule la conscience peut la rendre à un moment sans objet. (le corps-conscience).

Le transfert d'ici, n'est plus le creuset de la thérapie, mais il est néanmoins très important et on voit apparaître d'autres notions qui ne sont pourtant pas si "extra-ordinaires", le transfert corporel et surtout le contre-transfert corporel que vit le thérapeute.

Pour terminer, il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les conceptions de REICH et la vision orientale du monde, les chakras indiens et la circulation d'énergie chez les taoistes et les pratiquants d'arts martiaux. Aussi, la vision reichienne de l'homme, de l'univers, jette un pont qui s'avère riche entre l'orient et l'occident. 

François Serre
Psychothérapeute

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