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Gestion du stress  

Perte de contrôle de soi, de ses capacités ou de son action sur l'environnement. 

Par Régis Lamotte, Psychothérapeute, Lauris, France
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Gestion du stress
Perte de contrôle de soi, de ses capacités ou de son action sur l'environnement. 

Le stress est une réponse, à l’intérieur de l’individu, au niveau nerveux et au niveau physiologique qui est souvent initialisée par une situation extérieure ou intérieure qu’une personne doit vivre et qu’elle a du mal à contrôler.

Il existe différents domaines où il peut y avoir du stress. L’on considère qu’il y a un stress positif à partir du moment où il amène à l’action, et un stress négatif à partir du moment où celui-ci amène à une inhibition de l’action. Et c’est cette inhibition de l’action qui pose une difficulté pour celui qui la vit.

L’on peut constater différents symptômes, de la légère tension quand il est encore gérable à des tensions physiologiques, musculaires plus exacerbées. Cela peut être aussi un désordre dans la pensée, dans l’organisation des idées. Physiquement cela peut aller jusqu’à des tremblements, des douleurs abdominales, des complications de respiration, des vomissements et jusqu’à l’évanouissement pour sortir de la situation de stress.

Dans la réalité physiologique, ces manifestations du stress peuvent atteindre des degrés divers selon les situations. Mentalement, cela peut provoquer des troubles d’organisation de la pensée, d’organisation des objectifs, jusqu’à même ne plus savoir ce qu’on veut faire, jusqu’à ne plus pouvoir accéder à des savoirs, à des connaissances ou à des savoir-faire.

Donc, le stress est un générateur de troubles de la conscience de soi, mentaux ou physiologiques. Il est donc un indicateur important chez une personne lui signalant qu’elle doit chercher ce qu’elle a à faire, à comprendre, à gérer vis-à-vis d’elle-même pour retrouver un état d’équilibre. Le stress est essentiellement un système d’informations vis-à-vis de l’équilibre de la personne. 

Il existe des domaines où le stress est volontaire puisque qu’il est décidé et qu’il fait partie inhérente de l’entrée en action pour les sportifs par exemple et pour les chanteurs, les comédiens avant d’entrer en scène. C’est un cadre qu’ils ont décidé, qu’ils ont choisi, qu’ils ont voulu et dont ils maîtrisent la plupart des paramètres. Il y a stress avant l’action parce qu’il n’y a pas certitude de contrôle total de la situation mais la situation évolue et elle est en bonne partie, pour un pourcentage conséquent, sous la responsabilité de la personne. Donc, l’ensemble des paramètres de la situation, quand le stress est géré d’une manière équilibrée, est sous la responsabilité de la personne, ce qui lui permet d’entrer dans une certaine situation en gérant son stress.

Par contre, quand les paramètres physiques ou/et psychologiques de la situation – nous verrons lesquels plus loin - ne sont plus sous la responsabilité ou échappent à la responsabilité de la personne, le stress n’est plus géré. Par exemple dans les processus d’apprentissage, le stress existe bien sur, il fait partie de la nécessité, vis-à-vis de l’environnement, de gérer les comportements, de gérer la pensée, l’action, l’engagement de la personne et de gérer également tous les processus mentaux qui lui permettent d’agir. Il est entendu que cela reste toujours sous la responsabilité de la personne.

Le stress devient problématique quand les paramètres de l’expérience sont majoritairement sous la responsabilité d’un environnement extérieur ou d’une réalité extérieure qui n’est pas celle de la personne. Par exemple, lorsqu’une personne est licenciée, lorsqu’elle n’a pas de contrôle ce qui lui arrive, qu’elle n’a pas d’information sur sa situation professionnelle. Il est évident qu’une part de sa réalité sort du champ de son propre contrôle et donc génère du stress. Ca c’est la première situation, qui est liée à une situation sociale. Le générateur de stress a des fondements sociaux. 

D’autres fondements sociaux, extérieurs comme les tremblements de terre, les catastrophes naturelles, les guerres, les accidents, font que la personne, à un moment donné, n’a plus le contrôle de la situation dans laquelle elle est engagée. Cela est générateur de stress également. Il s’agit alors de comportements, d’attitudes, d’environnement qui ne sont plus contrôlés. 

Il peut exister également des difficultés de contrôle des propres processus mentaux d’une personne. On le voit par exemple avec des comédiens, avec des étudiants apprenant. Le comédien sait qu’il va entrer en scène et qu’il va avoir une action mentale sur une connaissance qu’il va restituer. Un enseignant, un conférencier, moi qui suis là devant vous, je pourrais éprouver cela, ce qui n’est pas le cas. Un étudiant peut avoir l’incertitude des résultats de ce qu’il va faire mentalement et donc être dans un stress parce qu’il n’a pas la certitude de pouvoir gérer ses propres connaissances. Là, nous ne sommes plus dans l’environnement, mais dans les propres processus intérieurs de gestion de sa propre connaissance et cela peut être générateur de stress.

Ce qui peut également être générateur de stress peut être lié à un savoir-faire. Quand quelqu’un apprend à conduire par exemple. Il va devoir contrôler un savoir-faire et comme il n’en a pas encore la totale maîtrise quand il se trouve en situation, cela peut être générateur de stress. Il a d’une part son système d’évaluation personnel, et il y a d’autre part un système d’évaluation à l’extérieur de lui qu’il ne contrôle pas non plus. 

Nous voyons là tous les cadres qui peuvent être générateurs de stress. Je prends un autre exemple vis-à-vis de soi même par rapport à des comportements. Je rencontre actuellement une personne qui a un handicap lié à une maladie qui provoque une réduction de mobilité de son corps. Mentalement, elle a toujours les compétences et les capacités de se penser agissante. Physiquement, il n’y a plus les réponses du contrôle du corps tel qu’elle le connaissait auparavant. Donc, elle est sans cesse en stress entre son intention mentale et les résultats du comportement, de ce que son corps peut faire. Elle est donc souvent en décalage. C’est comme si elle se donnait une induction d’action et que son corps ne suive pas l’induction d’action. Il y a donc une précipitation d’action à l’intérieur, vouloir à nouveau penser l’action, à nouveau rentrer dans l’action, et la réponse ne correspond pas au champ de la conscience de ce qui est possible. Ce qui génère un stress à l’intérieur de cette personne, par rapport à ses comportements. Et paradoxalement, dans ces moments-là, elle a justement besoin de réduire le stress pour ralentir entre son champ mental et son champ physique la possibilité de créer un lien entre la possibilité de son action et les possibles de son corps. Quand des personnes ont eu des accidents, des difficultés, ils sont en situation de stress parce qu’effectivement ils se retrouvent en décalage de contrôle entre le contrôle mental de leurs propres comportements et le contrôle des comportements eux-mêmes. Nous avons à faire à un type de réalité bien connue de personnes qui ont été confrontées des cécités, des accidents ou des difficultés de réadaptation.

Ce que nous voyons dans cette notion de stress, c’est qu’il est important pour une personne qu’elle puisse agir sur ces différents domaines. Bien sur, elle peut agir sur ses aptitudes mentales pour pouvoir gérer ses aptitudes mentales face à ce qui va se produire. C’est relativement possible, elle peut agir sur ses comportements. 

Il y a un domaine où cela lui est plus difficile, c’est quand elle va devoir agir vis-à-vis d’un environnement sur lequel elle n’a pas une totale maîtrise. Et l’on voit là qu’effectivement, ne pas avoir une totale maîtrise de l’environnement dans lequel elle se trouve est un sujet de stress important. Depuis quelques années, avec la rapidité des déplacements professionnels, les changements de structures professionnelles, les personnes n’ont pas le temps de concevoir mentalement ces nouveaux changements, de s’y adapter mentalement. C’est l’environnement qui est le sujet de leurs changements, de leurs déplacements et du fait de ne pouvoir avoir de contrôle sur ces changements est générateur de stress. 

Les conséquences du stress

La conséquence immédiate est un état d’inconfort, un état de mal être. Mais cela peut aussi, à long terme, altérer la conscience de la personne, actrice d’elle-même, altérer sa confiance en elle-même si, dans certaines situations, elle n’a pas réussi à gérer cette différence qu’il y a entre son intentionnalité et l’action. Si cela arrive une fois, elle peut se réajuster. Si cela arrive deux ou trois fois, elle va mettre en doute ses capacités de pouvoir faire les choses. A un certain moment, elle peut aller jusqu’à créer une présupposition sur le futur de son incapacité à pouvoir faire. Ce qui aura bien sur tendance à augmenter encore plus le stress. 

Il peut arriver qu’une personne décide de ne plus s’engager dans la réalité en question, afin d’éviter d’avoir à gérer le stress. Elle peut décider par exemple de ne plus passer d’examen, d’éviter d’aller dans certains lieux, de quitter un champ professionnel. Ce sont des processus d’évitement pour éviter la souffrance, pour éviter surtout d’altérer la conscience de soi et de son intégrité en tant qu’agissant vis-à-vis de soi-même. Et bien des personnes rentrent dans ce genre de situations pour ne pas avoir à altérer cette conscience d’elles-mêmes, pour paradoxalement, rester actrices de leur propre vie. En se réfugiant, en manière de sauvegarde dans le ‘’ne pas faire’’, pour éviter d’altérer la conscience de leur identité, elles rentrent dans une situation où elles ne sont même plus identifier comme pouvant faire. Cela peut aller jusqu’à sortir d’un champ social pour éviter les confrontations qui seraient sujettes et génératrices de stress.

Ce qui est important de voir par rapport à ce stress 

L’on peut réduire cet état de stress, de fébrilité et d’inconfort par des prescriptions médicamenteuses qui peuvent effectivement avoir pour effet à court terme que ces personnes ne ressentent plus ce stress ou en tout cas qu’elles ne soient plus en contact avec lui. Paradoxalement, ces prescriptions peuvent lui faire perdre certaines de ses capacités, ce qui peut être aussi générateur de stress. Il est important pour la personne qu’elle puisse réorganiser différents processus d’elle-même pour qu’elle puisse effectivement être à nouveau actrice de sa propre réalité. 

Par exemple, elle peut apprendre - et c’est ce que nous remarquons quand nous agissons et que nous permettons la gestion du stress - en premier lieu, à réorganiser les représentations mentales de l’action à produire. Dans sa tête, dans son imaginaire, elle apprend à se faire une représentation pertinente, en fonction de ses capacités, pour pouvoir agir sur ses représentations mentales, en évitant d’y introduire des paramètres de risques, ce qui augmenterait le stress. Cela lui permet de rester actrice de sa réalité, tant que faire se peut, de continuer à agir dans sa réalité sociale en évitant de subir ce stress de la réalité extérieure, même s’il y a un contexte social qui détermine sa situation et qui est générateur de stress. 

Cela permet également de redonner un sens différent aux situations parce que bien souvent lorsqu’une personne est entrée dans un état de stress, elle a créé une distorsion. Elle a fait de la situation problématique une chose encore plus importante puisqu’elle n’est plus en mesure d’être en contact avec ses propres ressources. Elle a une perception de la réalité, de la situation qui est parfois démesurée. Elle ne sait plus ‘’par quel bout prendre’’ une globalité, et il est important de reséquentialiser les étapes de l’action, de redonner sa juste dimension dans la représentation qu’elle a de la problématique, et de lui faire retrouver un cadre qui soit pertinent par rapport à ce qu’il était à l’origine.

Cela signifie aussi lui permettre : 

  • de réorganiser mentalement les différentes actions qu’elle va avoir à faire pour pouvoir effectivement changer sa vision de l’objectif qui n’apparaît plus alors comme « énorme et inaccessible »,

  • et de retrouver les différentes séquences, les différentes étapes à franchir pour arriver jusqu’à cet objectif. 

Très souvent quand il y a stress, il y a distorsion du temps et de l’espace : ce qui « normalement » dans une action faite dans un rythme sans stress, permet une séquentialisation et une notion de temporalisation fluides, amenant la personne à s’engager dans chaque étape avec cette même fluidité.

Quand il y a du stress, la notion du temps et de l’espace est compressée dans la représentation mentale de la personne. Elle voit tout ce qu’il y a à faire, mais elle ne voit plus les espaces qui séparent les choses qu’il y a à faire et cela est générateur de stress. Il lui suffit de réapprendre à gérer l’espace et le temps, quitte à utiliser un agenda, à mettre des positions. 

Par exemple, quand une femme vient d’avoir un enfant, elle a une nouvelle réalité à gérer dans sa réalité déjà existante. Ce qui génère le stress, c’est qu’elle n’a pas mis dans son espace temps, l’espace temps de cette gestion-là. Quelqu’un qui prend un nouvel emploi à des choses différentes à faire. Il n’a pas pris l’habitude de mettre dans son temps et dans son espace toutes les choses qu’il a à faire, ce qui fait qu’il en ramène chez lui le soir et qu’il est stressé de ne pas pouvoir les faire.

Quand l’intégrité d’une personne a été atteinte, permettre à cette personne de réaffirmer sa confiance en son aptitude de gestion de ses comportements et de ses processus mentaux, est très important. Il suffit parfois de la mettre dans l’attention de regarder les résultats de ce qu’elle fait. Très souvent, quand une personne est en situation de stress, elle n’arrive plus à discerner ce le résultat de son action. Ce qui implique que, ne voyant pas de résultat à son action, elle génère encore plus de stress.

Aider à gérer le stress des étudiants signifiera peut être aussi de leur permettre d’apprendre à gérer différemment leur savoir. Au lieu d’avoir un savoir linéaire, une espèce d’amalgame de connaissances, ils apprendront à avoir des outils pour eux-mêmes qui leur permettront d’aérer leurs connaissances, d’aérer l’organisation de leurs connaissances. Ce qui, de ce fait, sera bien moins générateur de stress.

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Un des premiers indicateurs du stress est une réponse physiologique. Il s’agit du ralentissement de la respiration, d’une difficulté à respirer. Quand une personne est en situation de stress, une des premières choses à faire est de lui réapprendre à respirer, pour lui permettre de mettre à nouveau de la conscience dans sa respiration. C’est pourquoi, très souvent, on accompagne les personnes stressées dans la capacité d’être à nouveau dans une conscience de leur respiration où elles pourront être actrice du fait de respirer alors qu’en situation de stress, elles ne sont même plus actrice de leur respiration. Et ce petit détail fait qu’elles redeviennent actrices de leur réalité physiologique et de ce fait, de leur propre réalité psychologique. En même temps, il y a un indicateur important dans la gestion du stress - dans la gestion des états émotionnels, la gestion mentale - c’est que l’émotion – le stress en est une – est le résultat, à l’intérieur de nous, d’un objectif que nous souhaitons atteindre, et d’un résultat que nous obtenons et qui ne correspond pas à cet objectif. Plus nous nous éloignons du résultat de l’objectif, plus nous allons générer de stress. Plus nous nous rapprochons du résultat de l’objectif, plus nous allons générer des émotions agréables. 

Lorsque nous sommes en situation émotionnelle de tension, que la respiration manque, il s’en suit une réduction de l’afflux sanguin. Le premier indicateur d’un état de tension, de stress, est la réduction de la respiration et donc la réduction de l’oxygénation et par conséquent de l’afflux sanguin. Ce qui augmente la situation de stress. 

Il est donc important pour la personne stressée de reprendre une attitude de gestion et de conscience de la respiration vis-à-vis d’elle-même. Un sportif qui se prépare à une compétition, est essentiellement centré sur sa respiration. Il sait, qu’à tout instant, toute pensée parasitaire qui viendrait et qui ne serait pas en adéquation avec ses objectifs, génèrerait un état émotionnel qui aurait une altération sur sa respiration. Conscient de cela, il met son attention pour réguler cette respiration et par-là même, il a une incidence sur ses états émotionnels.

Ce qui nous amène bien sur à constater que les états émotionnels dans notre vie intérieure, sont le résultat de notre gestion mentale. Il n’y a aucune émotion qui soit due à quelqu’un ou à un environnement extérieur. L’environnement nous envoie des informations, nous fait vivre certaines situations. La manière dont nous allons les gérer intérieurement va générer certaines émotions plutôt que d’autres, mais ces émotions sont le résultat de ce que nous faisons de ces informations extérieures, et non pas les conséquences des informations extérieures. Ce qui est important c’est d’avoir la conscience de cette liberté vis-à-vis de soi-même quelle que soit la situation extérieure.

Le stress est donc un indicateur d’un déséquilibre momentané et il nous sert à cela. Il est un système d’information qui nous permet, en tout cas de savoir que nous sommes à un point de déséquilibre. Ce n’est pas un point de rupture, et c’est important de savoir faire la différence. Par contre, s’il y a un stress trop important par rapport à une situation extérieure, et que nous n’arrivons plus à contrôler cette situation - à nous engager dans cette situation pour pouvoir réduire le stress - si cette situation extérieure est par trop importante, comme un deuil, la mise en vente d’une maison, un divorce, si nous avons l’impression de perdre tout contrôle sur ce qui se passe à l’extérieur, c’est un générateur de stress extrême. Un stress qui peut nous entraîner jusqu’à ne plus dormir, ne plus avoir envie de manger. C’est jusqu’à ce point un indicateur de déséquilibre et non pas de rupture mais si, à un moment donné, une personne se retrouve dans une situation où elle ne peut plus avoir un engagement, si elle se désengage de toute action, de toute possibilité d’action mentale, comportementale, elle va parvenir à un point où elle ne pourra plus envisager de futur. 

C’est alors qu’elle va rentrer dans un espace de rupture, un espace de dépression qui, lui, sera fondé sur l’incapacité de la personne à construire un futur possible. C’est la phase suivante si le stress n’a pas été géré. La personne ne va plus pouvoir concevoir des actions possibles, des comportements possibles, des aptitudes possibles mentales ou d’actions dans l’environnement, et à ce moment-là, le retrait fait qu’elle sombre dans un état de dépression. Parce qu’il y a une pression telle de l’environnement que la seule solution est d’entrer en dépression pour ne pas subir la pression.

Par Régis Lamotte, Psychothérapeute, Lauris, France
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