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Trouver le sens de la vie

Par Saïda Mekrami, Psychologue clinicienne, Psychothérapeute, Psychanalyste, Paris, France
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Les mystères de notre psychisme

Depuis l’aube de la conscience, l’Homme a toujours été engagé dans la quête du sens de la vie. Bien souvent, le genre de vie que nous menons nous prédispose à nous entourer de fausses réalités masquant ainsi notre véritable état d’être au monde. Et par conséquent, nous nous contentons de ce qui nous entoure et nous ne cherchons pas à prendre contact avec notre véritable force intérieure. Dans l’enfance et l’adolescence, chacun de nous se façonne selon l’éducation et les valeurs sociales de son milieu. Dés que l’on quitte le milieu familial et que l’on se sente autonome et responsable, on se laisse très vite séduire par le charme du monde extérieur. Dans les meilleurs des cas, l’éducation actuelle ne fait qu’encourager l’individu à devenir un bon citoyen en accumulant de plus en plus de savoirs et de richesses matérielles mais hélas, ne prête aucun intérêt à son bien-être ni à son épanouissement personnel. Ainsi, dés la prime enfance, la personne apprend à enfouir ses sentiments et très vite elle prend l’habitude à vivre en surface et à faire semblant tout en ayant une satisfaction à jouer des rôles et à avoir des comportements superficiels. Alors qu’en réalité tout ceci n’est qu’un compromis pour que l’individu tienne sagement la place qui lui est allouée par sa famille et son entourage. C.G. Jung nomme cela persona et dit : « La persona n’est qu’un masque… un masque qui fait penser aux autres et à soi même que l’être en question est individuel, alors qu’au fond il joue simplement un rôle à travers lequel ce sont des données et des impératifs de la psyché collective qui s’expriment.(1)» 

L’éducation de nos enfants ne les aide pas essentiellement à devenir des individus à part entière ni même des personnes conscientes du sens profond et fondamental de l’existence et des véritables valeurs de la vie. Ainsi, l’Homme moderne devient affairé, un citoyen « bien intégré » sur le plan professionnel et social. L’individu qui est pris dans cette agitation citadine « métro, boulot, dodo » se sente valorisé d’être surbooké et y alimente cela avec une grande satisfaction. Par son rôle social et professionnel, il se met à s’éloigner petit à petit de lui-même et perd ainsi le contact avec son intériorité. Son conditionnement l’oblige à vivre dans une sorte de réalité secondaire et risque de perdre toute sa richesse et parfois même son humanité. En perdant tout contact avec le centre de nous-mêmes, par où se manifeste le Soi, l’Esprit ou tout simplement la Vie, nous devenons pour toujours prisonniers de notre mental et de nos préjugés.

Pourquoi est-il si difficile d’être soi même? Et comment atteindre un équilibre solide et durable ?
En général, une grande partie des Êtres ignore et dénie l’existence de leur inconscient et n’éprouvent nullement le besoin de l’accomplissement de soi. Beaucoup n’y voient aucun intérêt, d’autres n’ont pas le temps de se le demander. Comment le pourraient-ils, d’ailleurs ? Parfois sans même se rendre compte, ils se retrouvent par la force des choses noyées dans le doute et le scepticisme. La peur et les préjugés deviennent alors pour eux la seule certitude. Nous vivons dans un monde normatif sans tolérance pour la différence et surtout axé sur le profit et la concurrence. Le monde scientifique, en voulant développer une approche technique et mécaniste, a orienté ses recherches dans une démarche réductionniste et objective. De ce fait, il a négligé la complexité de la vie et a occulté la dimension spirituelle de l’être humain. Toute connaissance scientifique avec sa portée grandiose et ses possibilités fructueuses n’est qu’une exploration du monde physique et matériel et ne peut constituer la Connaissance Fondamentale pour toute l’humanité. Pris par les pièges de la dualité, l’Homme d’aujourd’hui est devenu un être divisé qui ne peut ni dépasser ni aller au delà de son ego. La connaissance et le savoir deviennent alors peu utiles si nous ne savons pas qui nous sommes ni en quoi nous sommes constitués. Comprendre qui nous sommes afin d’évoluer tout au long de notre existence est pourtant primordial. Nous passons beaucoup de temps à mettre en place des scénarios pour contrer nos peurs et nos angoisses et en même temps à déformer la réalité de notre quotidien. Ainsi, nous refusons d’acquérir la conscience de l’autre, de nous-mêmes et du monde ; et donc des questions essentielles et primordiales qui en découlent, concernant notamment la traversée des épreuves et les difficultés de la vie. Certaines personnes, lorsqu’elles ne sont pas conscientes de leurs souffrances, affirment que celles-ci vont disparaître avec le temps ou qu’elles finissent par tout oublier et tourner la page. Tant que nous ne connaissons pas suffisamment, nous persistons à croire que la solution à nos difficultés ne peut venir que de quelqu’un ou de quelque chose extérieur à nous. Découvrir qui nous sommes est essentiel pour incarner une vie terrestre et pouvoir changer ce qui nous fait tant souffrir. Œuvrer pour une transformation ultime qui peut durer toute une vie et conduire à ce qu’on puisse nommer « la libération de soi ». Nous avons besoin de maîtriser le cours de notre vie. Pour cela, nous devons nous libérer de notre passé et de son lot de souffrances afin d’accéder à la réalisation de soi et être simplement nous-même. 

Y’a-t-il un moyen de lâcher prise ? 

Nous sommes tous plus ou moins prisonniers de notre mental. Qui d’entre nous peut prétendre connaître parfaitement tous les pièges de la susceptibilité de l’esprit. Face aux souffrances, notre psyché s’enlise avec fanatisme dans les idées toutes faites. Et parfois, en voulant tout contrôler, on se lance dans des généralisations simplistes, des préjugés et des jugements de valeurs. C’est ce qu’on peut appeler dans le jargon psy « faire son cinéma ». La majorité des Êtres préfèrent ignorer leurs conflits et ne cherchent nullement à les résoudre car le changement fait peur. Bien souvent, ils choisissent de se maintenir dans leur situation avec son lot de souffrances au lieu d’aller vers l’inconnu. Même si cet inconnu promet le renouveau et la libération. Face aux tourments de la vie, souvent on se réfugie dans les pleurs et les lamentations de toute sorte sans chercher à affronter les réalités du moment. Pourtant, chaque chose qui arrive a un sens et doit arriver parfois. Les événements traumatisants nous submergent d’angoisse et de peur. Ainsi nous nous installons dans un conflit qui nous éloigne chaque jour de la réalité et de nous-mêmes. Par conséquent, l’individu s’emprisonne dans une sorte d’armure de défense ou cuirasse contre les teneurs affectifs de son intériorité. Dans l’analyse caractérielle, Wilhelm REICH écrit : « C’est comme si la personnalité affective se revêtait d’une cuirasse, d’un blindage rigide, capable d’absorber les coups portés contre elle par le monde extérieur et intérieur. (2)»

Reconnaître, laisser advenir et exprimer ce qui se présente à soi dans l’ici et maintenant est un lâcher prise, une ouverture sur soi et sur les autres. C’est ainsi que nous pouvons renouer avec nos sentiments profonds et changer notre point de vue sur les difficultés que nous impose la vie. C’est ce que nous pouvons nommer l’art de se retourner vers soi. Être à l’écoute de notre monde intérieur. Prendre contact avec la puissance féconde de notre inconscient. Se laisser aller et devenir son propre observateur. Descendre dans la profondeur de notre âme et y découvrir la lumière véritable. Cette remise en question va conduire à un réaménagement psychique intérieur dont le seul but sera de cheminer vers la réalité essentielle de notre être. On se met ainsi dans le processus qui permet à la personne d’atteindre le meilleur de soi. Le changement profond qui en résulte fait que la manière de penser, de ressentir et de réagir permet à l’individu d’exprimer son potentiel et d’accéder au véritable sens de la vie.

Notes:

1. Carl Gustave JUNG, « Dialectique du Moi et de L’inconscient », Paris, Gallimard, 1964, p. 84.
2. Wilhelm REICH, « L’analyse caractérielle », Paris, Payot, Chapitre V.

Par Saïda Mekrami
Psychologue clinicienne, Psychothérapeute, Psychanalyste
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