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La conquête du contentement
Devenir bien dans sa peau

Jules Bureau, Psychologue et Sexologue
Rawdon, Québec, Canada
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L’auteur

Jules Bureau, psychologue clinicien et sexologue, est le fondateur du “Groupe d’études existentielles en Sexologie”. Il fut le premier directeur fondateur du “Département de Sexologie” à l’Université du Québec à Montréal. 

Depuis près de cinquante ans, il a rencontré en thérapie des milliers de personnes aux prises avec des difficultés de vivre. Il a publié Vivement la Solitude en 1992 (2005), Le goût de vivre en 1993, L’irrésistible différence: l’homme et la femme en 1994 (2003) et Vivre pleinement en 2003. 

Il a aussi publié de nombreux articles scientifiques sur le désir sexuel, la croissance du couple, l’amour, la jalousie et le plaisir. Il continue toujours ses travaux cliniques et d’écriture à Rawdon, dans Lanaudière.

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EXTRAIT

De toutes les attitudes positives qu’une personne peut développer envers elle-même, la plus précieuse qu’elle peut conquérir est bien celle d’être bien dans sa peau, d’être contente de ce qu’elle est, du contentement d’ellemême. Cette attitude assure sa vitalité, sa continuation à vivre. Cette personne a le goût de vivre parce que le contentement d’être soi-même est le principal ressort à ce goût de vivre. Le contentement de soi, d’être soimême se substitue en leur absence à tout autre stimulus à l’élan vital. Ses sources sont multiples et ses conséquences, incommensurables.

Mais il y a aussi ses obstacles. Et avant d’élaborer davantage la nature du contentement de soi, du contentement d’être soi-même, il importe de dénoncer un certain usage pervers de cette belle expression du contentement de soi. Dans la proposition que nous faisons ici du contentement de soi-même, il ne s’agit aucunement de l’infatuation de soi-même, de la suffisance et du misérable orgueil de « sa petite personne ». Ces attitudes sont au service de l’image de soi et non au profit du soi authentique et ne servent qu’à combler le vide de l’identité véritable. Elles ne sont aucunement un contentement d’être ce que l’on est.

Dans ce texte, nous décrirons d’abord l’authentique contentement de soi, à savoir le bien d’être dans sa peau, le bon d’être ce que l’on est; puis pour conquérir le contentement de soi, nous identifierons chacune de ses sources; par la suite, nous préciserons les conséquences d’en être habité et enfin, nous nommerons les obstacles à ressentir ce bien d’être soi-même. Pour réaliser ce travail, nous ferons oeuvre de phénoménologue, soit qu’à partir d’un nombre élevé d’ingrédients sentis de la nature du contentement de soi, de ses sources, conséquences et obstacles, que nous avons identifiés ou perçus chez les personnes-en-thérapie, nous nommerons leurs ressentis et adviendra alors un thème central, une idée synthèse qui coiffera tous ces ingrédients. Et de là, le simple soulèvement du thème central par le lecteur suscitera le contentement d’être, activera ses sources, donnera sens à ses conséquences ou précisera ses obstacles.

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Description du contentement de soi

Le ravissement ressenti d’être un créateur d’être et de vie

1. Le contentement de soi ou le bon d’être “dans sa peau” est le ravissement ressenti d’être un créateur d’être et de vie. Cette prise en conscience d’être un promoteur d’être et de vie, un artisan qui n’a de cesse de s’actualiser, d’engendrer, d’inventer de l’être et de la vie, nous contente d’être ce que nous sommes. La mise en conscience d’être ce puits de créativité nous enchante tout simplement d’être.
S’éprouver comme une usine nouvelle et unique d’inventivité, d’être une possibilité de création d’être, une source sans cesse renouvelée de vie constitue un très grand contentement de soi. Et le ressort pour cette joie: en être conscient. Dans la quiétude, dans la “quiddité” vigilante de la conscience, cette joie se laisse saisir. Il y a alors grand contentement de soi de percevoir « par le coeur », ce potentiel de conscience, ce pouvoir d’être que nous pouvons actualiser continuellement. C’est une grande joie de constater toute l’existence que nous pouvons constamment faire sortir du néant.
Eh oui, voilà le coeur du contentement : celui d’être des donneurs d’être à nos pensées, à nos sentiments et à nos émotions, à nos actions et d’être conscient de cette créativité! Une telle inventivité, et cela à partir de nous, et qui ne cesse de continuer, cela se savoure ! Retenons que le processus d’être crée à travers nous, tout en nous créant nousmêmes. Comment ne pas être content de ce qui vient ainsi à l’existence par le pouvoir de notre processus de créateur d’être? En effet, aucune étiquette, aucun concept, aucune forme ne réussira à nous enfermer sous son emprise ou à être la définition de ce que nous sommes, à devenir la vérité.

Nourris par nos racines d’être, nous sommes sans cesse nouveaux. Les étiquettes extérieures (les concepts, les formes) ne servent que d’outils pour explorer l’expérience vivante et ainsi, pour rejoindre la source de l’étiquette, pour explorer ses racines et nous permettre d’exprimer ce qui est implicite en nous. Nous sommes content de nous ressentir créateur d’être et de vie, content d’être ces usines de créativité. Ce contentement d’être n’est pas à penser, mais il est à ressentir; ressentir ce pouvoir de créateur. Et même si on veut arrêter cette “usine de création” que nous sommes, elle continue malgré nous, malgré nos petits besoins de sécurité qui pourraient nous entraîner à mettre des étiquettes et ainsi d’arrêter le flot du processus. Parce qu’il n’y a jamais une conclusion; il n’y a pas une forme qui termine quelque chose. La création continue tout le temps. La vie et l’être émanent sans cesse de nous.

2. Le contentement de soi, c’est aussi un sentiment de pouvoir sur notre propre vie; la perception par l’intérieur d’une énergie à notre service parce que nous sommes enracinés dans la vie. Ce ressenti agit sur nous pour nous donner à l’intérieur de nos horizons existentiels, la vie comme on la veut, comme on la définit et comme on aime la conduire. Ce pouvoir, important ingrédient du contentement de soi, repose sur ressentir que nous avons et des ressources et du pouvoir. De cela, nous sommes content. Nous sommes vie, nous sommes existence, nous sommes être, nous sommes notre propre vérité. Cela entraîne de vivre le plus souvent possible, au fond de soi-même, dans nos racines d’être et de vie et non à la surface dans nos rôles, dans nos images ou nos paraîtres.

Se ressentir par soi-même en mouvement vers le devant, vers le futur, c’est être bien dans sa peau.

3. Être transporté par soi-même vers le devant, en mouvement vers le devant, « moving forward », voilà un autre sentiment bien présent dans le contentement de soi.

La personne bien dans sa peau, contente d’elle est pointée vers l’avenir, vers le futur même si elle est imbibée de son présent, de son maintenant vivant. Elle se transporte elle-même vers le devant comme si elle se ressentait tel un ressort pointé vers ce qui adviendra.

Aujourd’hui je me sens bien dans ma peau; je ressens une affirmation de moi-même, une certaine agressivité (mon “ad gradi”) devant les gens à rencontrer d’une manière ou l’autre mais aussi devant les tâches à accomplir. De cela, je suis content de moi. En contraste, ce ressenti d’être à plat, de flagada, de fatigue comme un mécontentement de moi qui m’alourdit et me rive dans l’inaction, dans le semblable et le pareil. Je sais qu’il y a une mise en conscience de l’élan vers l’extérieur, mise en conscience et agressivité que je veux entretenir, maintenir et utiliser davantage. C’est mon « ad gradi », mon escalade vers le devant, ma montée vers l’autre et par moment, je le sens bien en moi. Je ressens même la naissance de cet élan quand je me mobilise vers et que j’agis. Ressentir le plus possible et nommer dans les moindres détails ce goût vers le devant me permet ensuite de le retrouver à volonté et ensuite de le proposer et aider aux autres à ce qu’ils l’installent en eux. « Ad gradi! » “Grimpe mon vieux!” que je me crie intérieurement et je démarre vers l’avant. Mais il y a plus! C’est vraiment une bonne sensation pointée sur le devant même si je n’agis pas : cette conférence écoutée sur la science et la religion et je suis content, réfléchir aux idées proposées et aller plus en profondeur quand je le pourrais; avoir le goût de lire le livre de cette philosophe qui rejoint mes intérêts et continuer ses réflexions dans mes propres textes. Et même inactif, je suis pointé vers la journée qui vient; je suis content de moi, content d’aimer, content de lire, content de réfléchir, content d’écrire.

4. Être bien dans sa peau et content de soi, c’est aussi ressentir plus de son humanité, c’est sentir son appartenance à l’espèce humaine par la fine perception de sa parenté avec d’autres porteurs significatifs de l’humanité, porteurs engageants vers le devant. Bien plus que seulement nous penser, nous nous ressentons dans toute la largeur de ressentir notre nature. 

Ressentir son appartenance à l’humanité, c’est être bien dans sa peau.

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Jules Bureau, Psychologue et Sexologue, Rawdon, Québec, Canada..
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